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| | Célébrités dans la guerre | |
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+15polchen57 a.piot VCDNDA BROMURE Christian Le Normand miel didier PascalB Yuth stef olnejean jeanbauduen paulodublesson Clem AD'HOC 19 participants | |
Auteur | Message |
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AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 18 Déc 2011 - 20:35 | |
| Bien le bonjour à tous,
Grand merci à tous! Si j'ai choisi Gary et Mendès-France, c'est qu'à travers leur vie on se replonge dans un passé où se côtoient le pire et le meilleur, où l'on croise des personnages qui ne sont souvent plus que des noms de rues, et avec le recul on mesure combien cette sombre période, de moins en moins connue, a encore de nos jours des retentissements. Mais ceci est une autre histoire...
Absolument d'accord, mon cher Didier, la triste affaire de Mers-El-Kebir a fait apparaître combien ambigüe était la situation de la France vaincue. Par contre on oublie souvent qu'une bonne partie de la flotte française avait quitté ses ports d'accueil (Brest, Cherbourg, Lorient, St Nazaire, Bordeaux) pour éviter d'être prise par les Allemands. Quelques navires comme le Surcourf, le Paris et d'autres ont rallié l'Angleterre. L'accueil qui leur fut réservé n'y fut pas des plus amical...
L'amiral Darlan, dont je ne me fais pas le thuriféraire, avait à plusieurs reprises affirmé que la flotte ne tomberait jamais aux mains des Allemands.
Une fois l'armistice signé, rallier l'Angleterre revenait à rallumer la guerre. Churchill, que j'admire par ailleurs (mais pas inconditionnellement), a été remarquablement hypocrite, j'ose le dire.
Cela c'est mon avis et je ne souhaite en aucun cas en faire un sujet de polémique. Je vous invite, si cela vous intéresse, à lire " La Mémoire de Mers El-Kébir, de 1940 à nos jours ", ouvrage très documenté qui détaille pratiquement heure par heure ces évènements tragiques. (Auteurs Hervé Grall et Martial Le Hir, Marines Editions, chez qui je n'ai pas d'action).
Il y a longtemps de cela, j'ai pu visiter les forts, les abords et la rade sous la conduite d'un officier algérien qui, en 1940, servait comme magasinier aux entrepôts et a assisté aux affrontements. Il s'en souvenait avec beaucoup d'émotion.
A+ Amicalement | |
|  | | Christian Le Normand Lieutenant de Vaisseau

Localisation : Hérouville-Calvados-Normandie-France-Europe
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 18 Déc 2011 - 21:13 | |
| - didier a écrit:
- Après coup il est évident que le flotte française aurait du quitter et rallier la GB
Très aimablement, je me permets de te dire, mon cher ami Belge, que c'est aisé de refaire l'histoire avec des "si" ! Ne crois-tu pas qu'il vaut mieux essayer d''en tirer des enseignements pour ne pas recommencer les mêmes con...... ? Si Goering n'avait pas bouffé trop de morphine avant Dunkerque et Hitler s'était pas vexé pour quelques bombes tombées sur Berlin (pas con, le Churchill dans l'art de la provoc ! ) les Anglais auraient perdu la Bataille d'Angleterre malgré tout le courage des pilotes alliés et Hitler aurait imposé ses conditions à Neville Chamberlain ou tout autre "nul" qui aurait accepté de remplacer Winston ... - AD'HOC a écrit:
- Si j'ai choisi Gary et Mendès-France, c'est qu'à travers leur vie on se replonge dans un passé où se côtoient le pire et le meilleur, où l'on croise des personnages qui ne sont souvent plus que des noms de rues, et avec le recul on mesure combien cette sombre période, de moins en moins connue, a encore de nos jours des retentissements. Mais ceci est une autre histoire...
Vi ! Comme tu dis ! AD'HOC ! Y'avait pas beaucoup de Jean Moulin ...  - AD'HOC a écrit:
- L'amiral Darlan, dont je ne me fais pas le thuriféraire, [/b]
Churchill, que j'admire par ailleurs (mais pas inconditionnellement), a été remarquablement hypocrite, j'ose le dire. Hypocrite ? Peut-être pas ! Je tends à penser qu'il avait compris que la France était "groggy" et que peu continueraient la guerre même avec De Gaulle ou contre lui ... Il a donc géré les suites de Mers-el-Kébir au mieux des intérêts du seul Royaume-Uni et du Commonwealth, laissant les français à leur sort. La saisie des navires français partis en Grande-Bretagne, leur neutralisation à Alexandrie ou aux Antilles relevait de la même logique : La France pour l'essentiel des forces lui restant avait cessé la guerre ... ! | |
|  | | didier Elève officier


Localisation : Bruxelles - Watermael Boitsfort Navire préféré : Mercator
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 18 Déc 2011 - 21:50 | |
| Mes chers amis,
croyez que j'ai BEAUCOUP réfléchi à cela. Il n'y a de ma part aucune volonté de faire la morale ... C'est tjs facile "après" de dire il fallait aller dans le camp des "gentils".
L'amertume française y est peut-être pour qqchose et, certainement, la réussite "maléfique" de Hitler d'avoir divisé la France , comme il l'a fait en belgique en libérant des camps de prisonniers les flamands (qui du coup étaient nombreux à se dire "dans le fond les allemands ne sont pas si méchants") mais pas les francophones ...
Pour les Belges le choix était rester rester prisonnier, ou partir en GB , et accepter (petit pays et PRAGMATISME NON NATIONALISTE oblige) de se battre aux côtés de et dans l'armée anglaise!!!.
Pour les Francais plus compliqué, cette illusion avec pétain que la France n'était aps vraiment vaincue, et avec De gaulle que la France existait encore en tant que nation combattante - brillant politiquement mais pas efficace sur le plan militaire...
C'est pour cela que "avec des si" et "yavaitka" la seule solution quand on y pense 70 ans après confortablement installé comme moi devant mon PC, c'es tque la flotte française aurait du rallier la GB et se mettre sous le commandement anglais ou américain.
Mes chers amis, je vous souhaite le meilleur ! _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
|  | | Christian Le Normand Lieutenant de Vaisseau

Localisation : Hérouville-Calvados-Normandie-France-Europe
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 18 Déc 2011 - 22:05 | |
| Ne te vexe pas, Didier, si je suis un peu "carré" ! Je comprends tes sentiments et les interrogations sur "que ce serait-il passé si ?" ainsi que ce qui a pu être ambigu dans l'attitude des uns et des autres à cette époque. Un jour, j'ouvrirais un topic pour raconter comment il s'est fait que mes parents se sont retrouvés à Londres toute la guerre, le plus objectivement possible. Ce que je peux dire dès maintenant, c'est qu'ils n'ont pas été des "héros" sauf involontairement ... et pourtant, mon père a bien oeuvré dans son chantier naval sur la Tamise à l'effort de guerre du Royaume-Uni.
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|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | Christian Le Normand Lieutenant de Vaisseau

Localisation : Hérouville-Calvados-Normandie-France-Europe
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 19 Déc 2011 - 10:46 | |
| Je comprends d'autant mieux Didier qu'il m'arrive souvent de réagir à un événement, à une info, de façon épidermique ou affective. Mais du fait de ma formation, pour parodier un sociologue célèbre, j'examine "le fait social" (donc les faits historiques) objectivement c'est à dire comme un objet, hors de toutes passions ! Du moins, j'essaie ... | |
|  | | didier Elève officier


Localisation : Bruxelles - Watermael Boitsfort Navire préféré : Mercator
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 19 Déc 2011 - 22:53 | |
| Pas de soucis ... il faut que je mérite ma réputation de hussard susceptible et ombrageux !! _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 1 Jan 2012 - 19:30 | |
| Bien le bonjour à tous,
--------------------------------------------------------- Les militaires prisonniers à Casablanca n'ont de nouvelles que par les rares visites qui leur sont accordées. Ainsi ils apprennent le sort de Georges Mandel que l'on vu pour la dernière fois, la statuette de Clemenceau sous le bras, entraîné dans une voiture de police.
 G.Mandel alors qu'il était ministre des Colonies
Transféré de prison en prison, il est accusé d'atteinte à la sûreté de l'Etat et comparait devant un juge d'instruction militaire à Meknès. Ce juge, le colonel Loiseau, étudie minutieusement le dossier et conclut à un non-lieu. Vichy demande un complément d'information. A nouveau le colonel conclut au non-lieu. Il est dessaisi de l'affaire, puis mis en disponibilité. Quant à Georges Mandel il est renvoyé devant la cour de Riom.
A la Radio et dans la presse (Gringoire, Je Suis Partout), Philippe Henriot
 continue sa campagne véhémente contre ces Juifs déserteurs, antifrançais, anglophiles, francs-maçons, communistes, agents de l'étranger... Plus le trait est gros, plus il porte.  Le 5 octobre 1940, après un semblant d'instruction devant un juge qui ne fait pas le poids face au brillant avocat, Pierre Mendès-France apprend que sur l'ordre de l'amiral Darlan il va être déféré devant le tribunal militaire de Clermond-Ferrand.
La veille, ce même tribunal a condamné son ami Jean Zay à la déchéance de ses droits civils, civiques et à la déportation à vie.

12 octobre 1940, à 1h00 du matin, Pierre est mis au secret dans une cellule étroite et propre mais glaciale. La surpopulation carcérale en France et en AFN (s'ajoutent aux droits communs 5000 militaires, essentiellement des aviateurs), les restrictions, tout concourt à rendre les conditions de vie sordides. Ainsi dans la prison de Clermont faite pour une centaine de détenus,
 ils sont plus de 300 qui reçoivent par jour à peine la moitié d'un repas "normal". Question hygiène: par tous les temps la toilette se fait dans un coin de la cour. Une douche à l'abri de quelques minutes toutes les cinq ou six semaines. Une demi-douzaine de WC...et des seaux. La nourriture est infecte et les gamelles ne sont jamais lavées; pas plus que les "draps" qui ne sont plus que d'immondes torchons. Quant aux vêtements... La tuberculose, entre autres, fait des ravages dans cette population fragilisée.
PMF comme les autres officiers au secret est bien mieux loti. Il peut apercevoir un instant son ami Jean Zay. Et puis un soir, un gendarme lui apporte un livre envoyé par Jean, en lui faisant remarquer qu'il n'en a pas le droit parce que "le livre pourrait contenir une lettre par exemple..." Et une lettre il y a en bien une dans laquelle Jean Zay livre quelques renseignements utiles. Ce brave gendarme dont l'histoire n'a pas retenu le nom continuera à rendre de tels services, au mépris des risques (mortels) encourus.
Le 6 décembre 1940, André Viénot, juriste et député des Ardennes,
 est condamné à 8 ans de prison avec sursis pour "désertion devant l'ennemi". Pendant la première guerre, il s'était engagé à 17ans; grièvement blessé à deux reprises, il finit la guerre avec la croix de guerre et deux citations. En 1940, malgré sa santé défaillante il reprend du service comme capitaine-interprète...
Quelques jours plus tard, Alex Wiltzer, avocat et député de Moselle, colonel en 1940, bénéficie d'un non-lieu, imposé par le ministère.

A la fin du mois, Jean Zay est transféré à Marseille et, grâce à la complicité d'un gardien, les deux amis peuvent se dire un bref au revoir. Il sera ensuite interné à la prison de Riom:
Pierre se retrouve seul des quatre déserteurs du Massilia. Aussi fin décembre, sur décision du juge d'instruction, il n'est plus au secret. Le nombre de détenus politiques continue à augmenter et Mendès-France voit arriver d'anciennes connaissances. Il leur est même accordé de prendre leurs repas en commun. Arrivent également des déserteurs de l'armée allemande. Ce qui ne manque pas d'étonner Pierre et les autres prisonniers. Mais il semble que tout soit possible puisque l'on voit passer de gros JU-52 et des biplans d'entrainement à croix gammée basés à Aulnat.
 Le bruit court qu'un pilote français a volé un de ces appareils et s'est enfui vers l'Angleterre. Quant aux déserteurs ils sont remis à l'armée allemande; ceux qui ne sont pas nommément réclamés peuvent s'engager dans la Légion Etrangère. Comble d'ironie, certains de ces légionnaires envoyés en AFN pour renforcer les unités de maintien de l'ordre passeront à Koenig. D'autres déserteurs s'évaderont et rejoindront des maquis allemands antifascistes avant de rallier la Résistance. Nombre d'entre eux tomberont dans les Cévennes.
Le début de l'année 1941 semble plutôt favorable aux Alliés. Simple coïncidence peut-être, les détenus sont autorisés à recevoir la visite de leurs famille et amis. Mais dès février les conditions deviennent beaucoup plus sévères; les gendarmes sont remplacés par des hommes de la Légion (non pas la Légion Etrangère mais la future Milice). En même temps il est décrété que les parlementaires d'origine juive seront déchus de leur mandat. Pierre n'est plus député ni maire de Louviers. C'est aussi l'époque où on lance une traque plus active des communistes. Les instructions sont menées à charge avec le plus parfait arbitraire et les jugements rendus souvent disproportionnés avec le délit réel ou supposé. Le plus grave des délits est évidemment de prétendre exprimer librement son opinion, dès lors qu'elle est ou parait si peut que ce soit hostile au pouvoir en place.
A Clermont-Ferrand, l'instruction est du ressort du colonel Leprêtre, intelligent, lettré mais fielleux, spécieux et aigri, qui n'a pas d'autre mission que de faire condamner par le colonel Perré, président permanent du tribunal militaire, ceux que Vichy veut éliminer. Perré ne le cède en rien à Leprêtre en compétences utiles au "nettoyage" de la Chambre et deviendra général. Leprêtre a instruit les dossiers de Paul Reynaud, Georges Mandel, Jean Zay, André Viénot, Alex Wiltzer, Philippe de Rothschild, De Boislambert et bien d'autres. Contre toutes les évidences, il utilise tout et son contraire dans un même dossier. C'est le cas de Pierre Mendès-France, triple récidiviste de la désertion: en mai 1940, puis en juin 1940, enfin à bord du Massilia. Les trois chefs d'inculpation sombrent rapidement dans le ridicule et l'inexistant. Qu'à cela ne tienne, on s'attaque aux témoins de la défense que l'on va sinon discréditer en tout cas rendre douteux. La crédibilité de certains est entamée par le moindre soupçon; quant aux autres, ils ne seront tout simplement pas entendus durant l'instruction.
Le 9 mai 1941, c'est enfin l'audience publique où comparait Pierre, amaigri, en grand uniforme. Pour "éviter tout incident", le public a été invité: 300 cartes dont 6 pour la défense...
 Au premier plan à gauche de PMF: les amis Lucie et Edgar Faure
Mendès-France et ses avocats n'ont aucune difficulté à démanteler les chefs d'accusation. Puis témoignent ceux que l'on n'a pu récuser: le colonel Alamichel, supérieur de PMF en Syrie, le lieutenant-colonel Fay également de Syrie, François d'Astier de La Vigerie, le colonel Lucien et le le colonel Coq de Kerland. Tous peuvent confirmer l'inanité des charges que l'on fait peser sur Mendès-France. Tous affirment qu'au regard du droit militaire il n'est en rien un déserteur, bien au contraire. Les plaidoiries argumentées suivent et achèvent en droit, "de jure", le démontage de ces charges. Le président feint de ne pas écouter ou, quand il le fait, c'est avec un sourire ostensiblement amusé; quoi que puisse dire la défense, Mendès-France est obligatoirement coupable...

Puis vient le verdict: "Le lieutenant Mendès-France, reconnu coupable d'avoir déserté devant l'ennemi, est condamné à six ans d'emprisonnement, à la perte de son grade, à la privation pendant dix ans des droits civils, civiques et familiaux." C'est réellement la "mort civile": il n'est plus rien.
Dès le lendemain il signe son pourvoi en cassation. C'est un homme de droit et du Droit comme la plupart de ceux que l'on pourchasse sans merci. Innocent, il a cru qu'il était possible de faire confiance en la Justice de son pays. Il a cru un peu en Noguès et en Darlan; désormais, il sait qu'il ne lui reste plus qu'à jouer la montre en "profitant" des institutions encore en place.
Des participants à ce procès, un officier du Tribunal qui a voté pour le non-lieu déclare: " Cela me coûtera mon prochain galon; j'aime mieux cela que d'avoir été complice de cette infamie." Malgré le tollé provoqué par le jugement aussi bien parmi les amis de PMF que ses adversaires, l'arrêt est confirmé. Mais le jugement définitif est reporté fin mai puis fin juin.
Pour Pierre, c'est désormais un devoir que de s'évader. Au hasard de ses sorties il récupère tout ce qui lui semble pouvoir servir à son dessein: des bouts de ferraille, de ficelles et toutes bricoles du même acabit. Il troque son pain, ses cigarettes et son charbon contre des tickets de rationnement, des papiers d'identité et des cartes routières. Des vieux vêtements trainent; cela fera l'affaire, comme des lunettes de myope trouvées dans la boue et une casquette qu'il rafistole pour y cacher des petites coupures. Il a repris sans gaîté de cœur les exercices de gymnastiques de Philippe de Rothschild, pompes, abdos, flexions, etc, car il se sait peu sportif et il en aura besoin.
Avec le régime de carence auquel tous les détenus sont soumis, PMF est réellement fatigué et il se présente à la visite médicale. la malnutrition a gonflé son foie et il est admis à l'hôpital. Son choix est vite arrêté, la disposition des lieux est telle qu'il peut s'évader. Il étudie attentivement les mouvements des personnels soignants, les rondes des gardiens.
Manque de chance, il est décidé que son suivi médical n'est plus indispensable et il réintègre sa cellule. Nouvelle présentation à la visite médicale où un jeune aspirant à l'aspect froid mais aux yeux pénétrants l'ausculte longuement avant de trancher pour une nouvelle hospitalisation.
Depuis qu'il a été condamné, Pierre affecte (en partie) un profond désarroi, il néglige sa toilette et ne se rase plus. Personne ne s'en alarme car c'est monnaie courante chez les détenus. La fin juin arrive. Un barreau a été patiemment scié. L'infirmière en chef donne de judicieux conseils aux gardiens qui se plaignent de la chaleur: ouvrir portes et fenêtres en grand, éteindre la lumière...
Nouveau manque de chance, arrive un compagnon de cellule, Douhet, qui a le bon goût d'avoir le sommeil lourd... 21 juin 1941, 22 h 30, Douhet justement dort en ronflant bruyamment (il prend des somnifères). Un petit coup de rasoir et le "déserteur" se débarrasse de sa barbe pour garder une moustache qui va s'étoffer. 22 h 40, le barreau cède et Pierre, dans les meilleures traditions de l'évasion, passe au dehors sa valise au bout d'une ficelle et une corde de draps et couvertures tressés.
La corde n'est pas assez longue, tant pis, une chute et une culbute. Une pensée pour le Baron...Une traction et la corde suit. Dans la cour Pierre attend, le cœur battant. Rien, aucun bruit. En silence, il gagne la passerelle qui joint chemin de ronde et mur d'enceinte. Là il faut ramper; voici l'arbre qu'il a repéré pour descendre. La valise descend au bout de sa ficelle et se pose sans bruit. Pierre s'apprête à la rejoindre. Un piéton qui flâne, vite se plaquer sur le faîte du mur. A nouveau il passe une jambe en se retenant des mains; un nouveau passant s'arrête près de l'arbre, allume une cigarette et tire quelques bouffées avant de s'en aller. Un revers de manche pour essuyer la sueur et Pierre descend jusqu'au redan du mur. Il va sauter mais, là, juste sous l'arbre, deux amoureux ont décidé de se bécoter. Interminablement. Le député en son fors intérieur maudit et jure tout ce qu'il est possible. Enfin, la place est libre; un saut et Pierre Mendès-France est libre.
 Photo contemporaine de l'endroit exact où PMF fit le mur
Evidemment, le lendemain grande est l'effervescence et dès le 23 juin le Petit Parisien publie:
« Condamné récemment par le tribunal de Clermont-Ferrand pour désertion à l’intérieur en temps de guerre, l’ex-député et lieutenant de réserve Mendès-France avait été, pour raison de santé, admis à l’hôpital complémentaire de La Providence. Cette « raison de santé » n’était probablement qu’une nouvelle ruse du déserteur pour se soustraire à la justice après s’être dérobé à son devoir. En effet, on apprend qu’hier dimanche, au petit jour – et sans doute avec l’aide de complices que sa grosse fortune lui permet de soudoyer -, le juif Mendès-France a réussi à s’évader de l’hôpital. »
A Casablanca qui est passé sous influence allemande, son épouse est soumise durant des mois à d'odieuses pressions. Quant à Pierre, dont le signalement est donné partout, il se fabrique avec les moyens du bord de fausses pièces d'identité. Traqué, il file à Grenoble. Sans cesse il doit se déplacer, bénéficiant parfois de l'aide de Français désabusés par le nouveau régime. C'est Lyon qu'il doit quitter. Il ne rêve que de gagner l'Angleterre mais doit se méfier de ses anciennes connaissances. Puis Marseille devenue bien triste. Partout la misère.
 Il arrive à passer la zone de démarcation.
 Rennes où il constate que des "V" fleurissent sur les murs, "V" pour Victoire et Vengeance; les "V" se voient suivis par un "P" pour "Vive Pétain". Rien n'y fait, le "V" devient en morse "...-" qu'on siffle au nez de l'occupant. Mais c'est aussi l'époque où la répression s'abat brutalement sur la France; devant les poteaux d’exécution, les pelotons allemands ne chôment pas:
 Pierre Mendès-France se débrouille pour récupérer un insigne de la Légion. Il fait de longs voyages vers la Suisse, Genève, change plusieurs fois d'identité et devient officiellement Jan Lemberg, polonais en route pour La Havane:
 C'est l'Espagne puis le Portugal où il peut enfin rencontrer un émissaire de la France Libre et des Britanniques. Le soir de son départ, une jeune et jolie femme l'accoste; elle est journaliste correspondante d'un quotidien de Londres et l'a reconnu. Pierre l'invite courtoisement dans une boîte de nuit puis s'éclipse lui promettant de la revoir le lendemain.
Dans la nuit, un hydravion décolle vers l'Angleterre emportant Pierre Mendès-France vers l'Angleterre et laissant à Lisbonne une jeune et jolie journaliste plus furieuse que désolée car de son état agent de la Gestapo...
Bientôt ce sera Londres, plus tard le "Lorraine"...
A suivre.........
PS: PMF n'est pas un raccourci irrespectueux; c'est souvent ainsi qu'on l'appelait au Lorraine.
A+ Amicalement  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 1 Jan 2012 - 19:55 | |
| Je suis assidument tes narrations et je constate que tes agapes de fin d'année n'ont pas nuit à l'histoire de Pierre Mendès France, encore bravo de prendre le temps de nous raconter ces histoires passionnantes <a href="http://www.sweetim.com/s.asp?im=gen&lpver=3&ref=11" target="_blank"><img src="http://content.sweetim.com/sim/cpie/emoticons/000203FA.gif" border="0" title="Click to get more." ></a> |
|  | | didier Elève officier


Localisation : Bruxelles - Watermael Boitsfort Navire préféré : Mercator
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 1 Jan 2012 - 21:14 | |
| Merci de nous faire part de cette Histoire qui , concernant la vie de PMF m'était personnellement inconnue. _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
|  | | jeanbauduen Capitaine de Vaisseau


Localisation : bauduen Navire préféré : bismark uss enterprise cv6 hood
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 2 Jan 2012 - 6:17 | |
| Bonjour merci pour ce récit amitiés | |
|  | | miel Amiral


Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 2 Jan 2012 - 9:36 | |
| Démat Récit très passionnant Merci pour cette narration _________________  | |
|  | | PascalB Maître


Localisation : SAUMUR (49) Mais Ciotaden pour toujours
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 2 Jan 2012 - 15:43 | |
| Formidable Ad Hoc ! Pascal _________________ "Même la gloire du fleuve s'achève à la mer" Proverbe russe
| |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 2 Jan 2012 - 15:56 | |
| Ad'hoc a dit - Citation :
- Pour la narration, ce n'est pas Victor Hugo certes mais je m'efforce de coller à la réalité!
c'est du Ad'hoc tout simplement<a href="http://www.sweetim.com/s.asp?im=gen&lpver=3&ref=11" target="_blank"><img src="http://content.sweetim.com/sim/cpie/emoticons/000203FB.gif" border="0" title="Click to get more." ></a> |
|  | | Christian Le Normand Lieutenant de Vaisseau

Localisation : Hérouville-Calvados-Normandie-France-Europe
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 2 Jan 2012 - 17:12 | |
| Purement excellent ! Tu es un grand écrivain, cher AD'HOC !!! | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | Christian Le Normand Lieutenant de Vaisseau

Localisation : Hérouville-Calvados-Normandie-France-Europe
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mar 3 Jan 2012 - 2:35 | |
| - AD'HOC a écrit:
- Seuls, vous, vous pouvez me dire si je fais tâche d'historien...
Et bien je confirme : "Tu fais tâche !". | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mar 3 Jan 2012 - 10:56 | |
| En effet c'est la bonne phrase à employer et dans le bon sens du termeet puis il ne faut pas trop compliquer car les vikings................<a href="http://www.sweetim.com/s.asp?im=gen&lpver=3&ref=11" target="_blank"><img src="http://content.sweetim.com/sim/cpie/emoticons/000203FB.gif" border="0" title="Click to get more." ></a> |
|  | | Christian Le Normand Lieutenant de Vaisseau

Localisation : Hérouville-Calvados-Normandie-France-Europe
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mar 3 Jan 2012 - 12:08 | |
| - pascal 94 a écrit:
- En effet c'est la bonne phrase à employer et dans le bon sens du termeet puis il ne faut pas trop compliquer car les vikings....."..........."
Toi si tu continues, on va boire du Calva à La Taverne dans ton crâne ! Toi, tu fais tache sans accent ! | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 14 Mai 2012 - 21:50 | |
| Bien le bonjour à tous,
Avant de retrouver nos deux figures de la France Libre, je vous prie de m'excuser. En effet nous allons faire un détour par Bir-Hakeim. Les raisons? Nous allons y rencontrer d'autres personnalités, et pas des moindres. Et leur destin croisa celui du Lorraine et son "alter ego" chasseur, l'Alsace. --------------------------------------------------------------------
A Londres, le jour même de son arrivée, Pierre Mendès-France, encore "fripé et miteux", sur le conseil de Georges Boris, demande à rencontrer le général De Gaulle.
 Celui-ci visite une unité française libre et lui fixe rendez-vous non à Carlton Gardens ("la Principauté")
 mais au restaurant pour un dîner.
Le général est heureux de le recevoir comme tous ceux qui arrivent de France et lui fait conter son odyssée. Puis il se met à monologuer sur ses doutes, ses incertitudes; enfin il demande à Pierre ce qu'il veut faire. "Je suis dans l'aviation, je veux rejoindre mon arme, et dans une unité combattante."
De Gaulle est enchanté; voilà un homme précieux pour l'avenir de la France et qui, de plus, ne demande rien pour lui, simplement se battre. Mais il n'y a pour l'heure qu'une seule unité F.A.F.L. constituée pouvant le recevoir comme navigateur-bombardier: le Groupe Lorraine qui combat bien loin de là. En attendant de rejoindre cette unité, le général lui conseille de se refaire une santé.
Jusqu'en avril, Boris et son épouse s'emploient à "remplumer" PMF.
 Boris et PMF au temps du gouvernement Blum Ce sont aussi de longues discussions sur le futur, les rencontres avec d'autres Français libres, un milieu bien hétéroclite dans lequel les relations sont loin d'être roses. Et dès le printemps, Pierre est suffisamment d'attaque pour gagner la Syrie.
Mais pour rejoindre son unité, il va lui falloir gagner d'abord les Etats-Unis. Car pas question d'aller directement à l'autre extrémité de la Méditerranée, mer interdite où la guerre fait rage.
Tandis que Malte résiste vaillamment:
IWM

En Lybie, avec l'appui des Italiens des divisions italiennes "Ariete" et "Trieste", après avoir mis à mal les blindés britanniques en nombre supérieur mais malheureusement utilisés en petites unités qui opèrent en dents de scie (Ritchie se privant ainsi de la possibilité de battre l'Afrika Korps) assez facilement réduites par les 15 et 21 Panzers 
 Crédit photo CORBIS
Rommel, ayant échappé de peu à l'encerclement, peut mettre le siège devant Bir-Hakeim, verrou sur la route d'El-Alamein, tenu par les Français de Koenig.
ECPAD. SHD
Depuis la cavalcade fulgurante de sa "division fantôme" en mai-juin 1940, Rommel pense bien ne faire qu'une bouchée de ce fort minable qui n'a guère d'importance stratégique: une butte, quelques murets, aucun obstacle naturel:
Ib. A perte de vue: rien que du sable et des cailloux... Pour lui un solide encerclement de la position française doit suffire à l'asphyxier et l'amener à se rendre. Mais c'est compter sans la résolution du "Vieux Lapin" et de ses hommes dont 60% viennent des colonies. Il a su fédérer ces soldats d'origines si diverses et tous le suivent avec confiance.
Que dire aussi de l'Ambulance dont certains médecins sont américains et les infirmières britanniques engagées dans la Légion Etrangère... Le chauffeur de Koenig est d'ailleurs aussi une conductrice anglaise, légionnaire également, Miss Travers. Ces charmantes personnes, au contact des rudes guerriers, ont enrichi leur vocabulaire de jurons à faire rêver l'artilleur le plus inventif...
 Etonnante Tour de Babel! Et le "Renard du désert" n'est pas peu surpris de piétiner dans ces combats d'un autre âge où l'adversaire s'enterre avec ses véhicules et son artillerie dans d'étroites tranchées et des trous d'hommes pour en surgir dans de violents assauts. Ces emplacements difficilement repérables sont protégés par des "marais de mines".
Bundesarchiv
Et il s'énerve devant "cette saloperie de Bir-Hakeim" qui tient sous des bombardements d'enfer.
 Bir-Hakeim vu du côté italo-allemand
Et les Français avec leurs "chenillettes" organisés en "Jock Columns"

ECPAD. SHD
qui se permettent de faire des raids contre ses convois et de les mettre à mal...
IWM. BA
récupérant l'eau si précieuse, le carburant et les armes, démolissant même une demi-douzaine de ses PanzerIV:
ECPAD. IWM Dans le ciel, les vagues de Ju-87 et autres stukas se succèdent à un rythme effrayant:
BA
Ib 
et pilonnent les positions françaises et britanniques.
IWM
Mais le "Royal Voyou" (nom que se sont donné les fusiliers-marins par opposition à ceux de la Royale restés du côté de Pétain)

sert avec détermination la DCA de la 1BFL et envoie Stukas et autres jabos au tapis:



En une journée, la Luftwaffe perd près de quarante appareils.
Car les Français, à un contre dix, ont ordre de tenir et résistent avec acharnement. Il ne leur a pas été demandé de lutter jusqu'à la mort, non, seulement retarder Rommel. Un jour, puis trois, puis cinq, puis dix... Alors malgré les vents de sable, la chaleur, le froid, les mouches, la soif, les pluies de bombes, ils ont l'espoir de vivre et cela décuple leur pugnacité. Parmi eux les légionnaires du capitaine Pierre Messmer  dont les deux tiers tombent sans céder un pouce de terrain, les Tahitiens du "Bataillon des Guitaristes" du colonel Félix Broche, tué le 9 juin 1942:
ECPAD. SHD Bien d'autres encore dont l'audace, l'astuce et le mordant vont inspirer à Rommel étonnement, respect et même admiration. Comme ces légionnaires républicains espagnols et allemands déserteurs qui n'hésitent pas à charger les chars italiens à la grenade et au PM et à en détruire une trentaine. Comme le lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari, authentique prince géorgien, adjoint de Koenig, toujours prêt pour les missions les plus dangereuses: 
Et les sapeurs allemands ont-ils fini, à grand peine, de déminer un champ sous le tir des snipers, qu'aussitôt un autre est implanté. Parfois les zones minées sont factices, mais quand les chars foncent, des mines placées dans la nuit explosent. Et quand les positions françaises battues par l'artillerie lourde semblent enfin inoffensives, les 75 se mettent à tirer à feu roulant.
Ib Décidément ces Français, venus de tous les horizons de l'Empire, comme ces noirs qui tiennent le front nord et que Rommel n'avait pas en grande estime, se révèlent des adversaires à sa taille. Et ils bouleversent ses plans; il avait eu l'idée de foncer directement sur Tobrouk puis El-Alamein si Bir-Hakeim résistait.
Mais à ce point il lui est impossible de laisser une menace aussi redoutable sur ses arrières.

Sans compter les Scorpions du LRDG, autant de guêpes qui harcèlent ses flancs. Bir-Hakeim doit tomber, c'est désormais vital. Le Renard se prépare pour l'assaut décisif, d'autant qu'en haut lieu "on" s'impatiente, comme le lui a fait savoir Kesselring.
A suivre...
A+ Amicalement  | |
|  | | jeanbauduen Capitaine de Vaisseau


Localisation : bauduen Navire préféré : bismark uss enterprise cv6 hood
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mar 15 Mai 2012 - 4:39 | |
| Bonjour superbe récit, vivement la suite merci. Amitié | |
|  | | miel Amiral


Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mar 15 Mai 2012 - 5:57 | |
| Démat Récit très instructif merci pour ce travail de recherche _________________  | |
|  | | VCDNDA Second Maître


Localisation : ile de Tahiti Navire préféré : KGV BB-63 Bismarck Yamato /autres
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mar 15 Mai 2012 - 6:41 | |
| Très beau récit mon cher AD HOC qui m interpelle puisque j en discutais pas plus tard qu hier avec un ami légionnaire(d origine roumaine mais Français "par le sang versé),permets moi de préciser que les légionnaires allemands auquels tu fais allusion constituent la première vague massive d engagés allemands au sein de la Légion(ayant fui la montée du nazisme) la deuxieme vague etant constituée a environ quatre vingts pour cent de SS et de parachutistes,ceci est une autre histoire;permets moi aussi de péciser qu il n y a jamais eu de personnel féminin dans la Légion et enfin de te dire qu ici,a Tahiti le nom du Cel Broche a éte donné a une caserne.. bien amicalement et a bientot de te lire.... | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mar 15 Mai 2012 - 6:42 | |
| Merci Ad'hoc de nous faire revivre cette épopée de Bir -Hakeim qui fut malgré l'abandon sur ordre du champ de bataille une belle victoire des FFL avec des hommes sans grand armement |
|  | | didier Elève officier


Localisation : Bruxelles - Watermael Boitsfort Navire préféré : Mercator
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 16 Mai 2012 - 20:53 | |
| Trèèèès bien illustré, se lit tjs avec grand plaisir. _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
|  | | Christian Le Normand Lieutenant de Vaisseau

Localisation : Hérouville-Calvados-Normandie-France-Europe
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Jeu 17 Mai 2012 - 16:12 | |
| C'est du AD'HOC dans toute sa splendeur ! | |
|  | | a.piot Maître principal


Localisation : chatillon sur indre 36 Navire préféré : maquettes déja réalisées:l'Aurore de Boudriot ,La Belle de Boudriot,un kit le Bounty,un bateau de péche
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Jeu 17 Mai 2012 - 20:58 | |
| ah oui,c'est du travail,chapeau!! _________________ amicalement a.piot
| |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Sam 19 Mai 2012 - 23:03 | |
| Bien le bonjour à tous,
Merci à vous pour l'intérêt que vous portez à mes récits!
Merci aussi pour vos appréciations et commentaires!!! Qui m'amènent à quelques précisions, corrections à propos de ce que j'ai écrit, anecdotes et une authentique histoire d'amour. Et que voici: - Le nom même de Bir-Hakeim signifie le "Puits du Vieillard", puits tari depuis longtemps d'ailleurs. La transcription phonétique la plus correcte est "Bir-Hakim".
 Ce site d'environ 5 km sur 4 km remonte à l'Antiquité, comme en témoignent deux tumuli, les"Mamelles", recouvrant des citernes romaines. Ce sont les seuls reliefs au Nord.
 Pas d'abri. S'enterrer est une nécessité absolue. Mais le terrain est la hamada, dur mélange de caillasse et de sable très fin, parsemé d'herbes à chameaux:

Koenig y veille de près. Ainsi un jour que le général fait le tour des tranchées, il avise un fusilier-marin qui, ruisselant et poudreux, manie durement sa pelle. "Alors mon gars pas trop dur de creuser là-dedans". Aussitôt de la fouille lui parvient un rageur: " Dis-donc, Ducon, t'as qu'à prendre le manche! Tu verras si c'est dur! " Le capitaine de corvette Amyot d'Inville est catastrophé; c'est un de ces gars. Et Koenig de lui dire: "Laissez tomber, Amiral, de source sûre je sais que vous avez du whisky, offrez-m'en donc un verre!" Il sait que les fusiliers-marins lui en veulent: creuser la terre pour des marins, c'est un déshonneur...
- Quand on évoque Bir-Hakeim, il faut se représenter l'échelon de combat (3723 hommes au début du siège) et l'échelon arrière dont l'ambulance Spears. Entre les deux, une perméabilité relative entretenue par les Jock Columns.
- Concernant les infirmières et ambulancières, elles n'étaient effectivement pas engagées dans la Légion Etrangère mais mises à disposition de la 1DFL. Elles étaient surnommées les "Spirettes" du nom de Lady Spears qui avait mis en place cette unité. Au temps pour moi...
Une exception, Miss Susan Travers:
 en tenue cambouis, portant le béret légionnaire.
Anglaise de "bonne famille" avec un père amiral, elle a vécu en France; c'est aussi une joueuse de tennis de haut niveau. Infirmière diplômée, elle conduit une ambulance de la Croix-Rouge dès Narvik et s'engage dans les F.F.L. Puis c'est l'Afrique, une brève liaison avec Amilakvari mais surtout la rencontre avec Pierre Koenig dont elle devient le chauffeur
 et bien plus, suite à coup de foudre réciproque. Elle a écrit un beau livre de souvenirs, publié après la mort de son mari et celle de Marie-Pierre Koenig:
 (La traduction française du titre est lamentable...) Pour tous les légionnaires, le caporal-chef Travers est des leurs, elle est "la Miss", seule femme présente à l'échelon de combat de Bir-Hakeim. "Chez nous elle était mieux gardée par les légionnaires qu'une jeune fille dans un couvent. Tous voulaient briller à ses yeux. Elle se comportait comme n'importe quel homme. Elle était gonflée!" a dit le général Geoffrey. En 1945, sa situation est régularisée et elle reçoit son matricule de la Légion qu'elle quittera deux ans plus tard avec le grade d'adjudant-chef.
- A propos des Jock Columns, ce type de combat a été créé par le brigadier-général John "Jock" Campbell, tué lors des combats d'Halfaya auxquels, nous l'avons vu, participa activement le Groupe Lorraine.
IWM En argot anglais, "jock" signifie "filou", plutôt genre "Pieds Nickelés"...
Lors du siège de Bir-Hakeim, chacune des unités fournit à tour de rôle une colonne. Ces colonnes motorisées, bren-carriers, camions Bedford ou Chevrolet portant un 75 orientable sur 360° (le Derviche Tourneur), camionnettes Morris avec affût quadruple de mitrailleuses, transports de fantassins, mènent une véritable guerre de course.
Le BB3 (Bayrou-Belan)
 Leur objectif: patrouiller le no man's land, neutraliser des batteries d'artillerie, récupérer des véhicules et tout matériel utile, poser des mines, bref, comme le rapporte Koenig: "Je les ai envoyés dans ce fameux no man's land, où finalement tout se déroule selon un schéma invariable: on se ramène là-dedans, on se piège les uns les autres, on se fait des tours de con. C'est très rapide et très drôle!" Et il sait de quoi il parle pour y avoir participé à de très nombreuses reprises en mars et avril. Elles servent aussi de "banc d'essai" pour les troupes non aguerries et permettent aux chefs de voir le comportement de leurs gars au feu. Et Koenig ajoute:"C'est important, surtout quand on aime les gens, de savoir comment ils se conduisent au feu."
De nuit comme de jour, parfaitement adaptées au désert, les incursions rapides de harcèlement entretiennent ainsi un climat d'insécurité chez l'adversaire. Une fois qu'ils y avaient goûtés, les hommes étaient très heureux d'y repartir. Au point qu'en cas de manquement ou de faute, le coupable était privé de Jock colonnes...
Koenig avait confié des missions de ce genre aux Pacifiens du Lt/Col. Broche et ils y prirent vraiment goût.
 Mais quand le général alla visiter leurs positions, il put constater que les boyaux et trous d'hommes n'étaient guère qu'ébauchés. Et s'adressant au Lt/Col.Broche, "metua" des Pacifiens, et qu'il estime beaucoup:
"Dites donc Broche, vos gars ne seraient pas un peu paresseux?" - "Non, mon Général, nonchalants peut-être; mais surtout ils ne comprennent pas pourquoi il faut creuser..." Le Vieux Lapin se masse la mâchoire puis: "Bon! Rassemblez vos officiers! Qu'ils expliquent bien à leurs hommes que s'enterrer va leur sauver la peau! " et il ajoute, l’œil rieur: "Et puis, ajoutez donc que si dans trois jours les tranchées ne font pas 1m80 de profondeur, finies les Jock colonnes!" En moins de deux jours, les ouvrages étaient creusés et soigneusement protégés de sacs de sable...
La première utilisation française de ce concept fut le fait des commandants Rémy et Robert de Kersauson de Pennendref (2DFL), oncle d'Olivier de Kersauson, et, de par son mariage avec Anne-Marie d'Aboville, oncle également de Gérard d'Aboville.
- A propos de la composition des unités de la Légion, effectivement il y a beaucoup d'Allemands et Autrichiens, anti-nazis expatriés, déserteurs, mais il y aussi des Belges, des Espagnols républicains avec une solide expérience de la guerre, des Italiens anti-fascistes, et bien d'autres... Les Allemands de Berlin jugeait qu'il s'agissait d'un " sauvage mélange de peuples "... Rommel pensait peut-être de même mais force lui fut de reconnaitre que ce mélange était diablement dangereux.
-------------------------
A suivre...
A+ Amicalement  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 20 Mai 2012 - 7:16 | |
| Super ta narration Ad'hoc, je me régale vivement la suite |
|  | | jeanbauduen Capitaine de Vaisseau


Localisation : bauduen Navire préféré : bismark uss enterprise cv6 hood
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 20 Mai 2012 - 7:38 | |
| Bonjour toujours aussi captivant, merci vivement la suite. Amitié | |
|  | | miel Amiral


Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 20 Mai 2012 - 8:05 | |
| Démat Récit toujours aussi prenant Merci _________________  | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Sam 26 Mai 2012 - 23:51 | |
| Bien le bonjour à tous,
Pendant que "le Renard" élabore des plans qui vont lui permettre de prendre enfin Bir-Hakeim,
BA et que les vagues de Stuka pilonnent les positions françaises SHD le "Vieux Lapin" éconduit poliment les émissaires chargés par Rommel de lui faire accepter la reddition. Pas question évidemment.
Au Groupe "Lorraine" les équipages grognent car c’est le « first class job », le vol peinard…annoncé à Gary par ses copains. En mer les U-Boots et les sous-marins italiens rôdent:
 BA. Non datée
Pour lutter contre cette menace bien réelle, l'escadrille "Nancy" du groupe est chargée de missions de Coastal Command. Ce ne sont plus les sables que les Blenheim survolent mais des secteurs de mer soigneusement quadrillés. Certes, les aviateurs s'acquittent de leur tâche avec conscience et un peu de rase-flots pour pimenter les missions:
 Remarquer la hauteur de survol...
FAFL. SHD
mais ils le font avec un profond ennui...et surtout beaucoup de dépit. Sillonner la mer quand la 1ère DFL se bat férocement à Bir-Hakeim...les équipages le ressentent comme un affront. Ils n'ont pas fait un tel chemin et laissé tant des leurs dans les sables et la brousse pour faire "ça". Et puis chez les gars de Koenig, il y a Pierre de Maismont, rescapé du crash qui coûta la vie au Sgt Fifre et une belle commotion à Soulat.
Il est vrai, et ils le savent, que leurs quelques Blenheim rescapés sont à bout de souffle. Et eux-mêmes, en comptant les amochés et la " rechange ": aux mieux neuf équipages, soit au rythme qu'ils ont connu (380 missions), une semaine de vie devant eux. N'empêche...c'est vraiment dur à avaler. Et les demandes de mutation pleuvent sur le bureau d'Astier de Villatte; Ezanno déjà dans la chasse, De Maismont dans la Légion, le prince De Starhemberg parti aux Etats-Unis, Pierre Grillet de "Topic", promu lieutenant et muté au Groupe "Artois",
 et maintenant beaucoup de volontaires pour le Groupe de Chasse qui se forme pour combattre en Russie.
Quant au "Metz" ses aviateurs font le convoyage des appareils arrivés en caisses à Takoradi.
IWM. Le Fana de l'Aviation
Eux au moins peuvent voler vraiment et le "vieux complice" de Romain, Bimont, est de ceux-là.
IWM.Ib. Noter les marques de repérage en cas de crash
Gary, lui, continue à travailler son roman; il en a le loisir car les vols sont rares. Il est aussi souvent sollicité par le commandement franco-britannique qui apprécie sa connaissance du Droit et des langues anglaise, russe, allemande et polonaise. Etant aussi qualifié comme instructeur-mitrailleur, il entraine les "jeunes".  Quelques vols de ship-straffing, sans grand mal pour les navires attaqués... Ce n'est guère glorieux. Pas plus que lors des patrouilles à partir d'Ounianga où les crocodiles du Chari servaient de cibles mobiles. Mais, la nuit, les mots qu'il a jetés durant la journée, il les pèse, les reprend,  les mêle et les triture. Et il rêve à la mer pour laquelle il vient de se découvrir une réelle fascination, se gardant de l'exprimer à ses compagnons de vol. Il aime l'horizon qui se confond parfois avec les flots, l'éclat des vagues, la lumière, tout ce mouvement et cette puissance indifférente à l'homme. Les mains croisées sous la nuque, les pieds sur la table, il laisse son esprit vagabonder. Bercé par la respiration tranquille de Bercault, le médecin, avec qui il partage le même petit appartement, il revoit le sourire des copains, le Chari, les nuages du khamsin, la peau douce de sa petite amie d'Ounianga, brune comme le café, son parfum... Le parfum du café?...Il ouvre un œil. "Bien dormi? Alors à table! T'as pas oublié que tu es de patrouille? Tu me raconteras, hein?! Et prends ta quinine." Sacré toubib, la mère poule du Groupe. Du vrai bon café! Comment il arrive à se procurer tout un tas de petits trésors? Mystère...
De leur côté, les chasseurs du Groupe "Alsace" ne sont guère mieux lotis. Affectés à la défense d'Alexandrie, les pilotes de chasse ne peuvent eux non plus appuyer les copains de Bir-Hakeim.
Noter la casserole tricolore annonciatrice du "Normandie" Il s'agit de l'appareil du Cdt Tulasne. Sous l'échappement, on distingue le surnom "Le Cabochard"

Là encore, les appareils usés par les combats et le sable sont poussifs
et s'ils peuvent faire jeu égal avec les Me-109E utilisés comme jabos,

il vaut mieux éviter si possible les 109F. Aussi sont-ils chargés d'escorter les Blenheim britanniques qui bombardent les convois italiens.
IWM
Leur vie n'est pas de tout repos pour autant; loin s'en faut. Chargés de patrouilles sur la route présumée de Rommel, ils se font prendre à partie par les chasseurs de la JG-27:
BA
S'ils sont rares, les combats sont violents et les pertes sévères des deux côtés,
BA
IWM Malgré le handicap de sa monture, le bouillant Ezanno, leader de l'escadrille "Strasbourg", endommage un Me-109F. Claude Raoul-Duval prend à partie un Ju-88; le mitrailleur riposte et touche le Hurry qui dérape brutalement. Sans hésiter son pilote accentue la manœuvre et se retrouve sous le ventre du bimoteur qu'il crible de toutes ses mitrailleuses. Des explosions et le Junker plonge en flammes.
Heureusement, il y a aussi de bons moments. Les nouveaux, arrivés d'Angleterre et d'ailleurs, comme le jeune Henry Lafont, modeste malgré ses victoires, jamais le dernier à blaguer et vite adopté:
FAFL Dès que c'est possible, les aviateurs des deux groupes filent à la plage et les guerriers redeviennent des gamins insouciants. Concours de châteaux de sable, baignade forcée pour les frileux...
Les hommes du Lorraine et de l'Alsace se rencontrent souvent et se lient d'amitié. Les bombardiers n'ont plus de complexe d'infériorité face aux chasseurs. Ils ont partagé les mêmes peines, les mêmes conditions de vie et maintenant la même furieuse envie d'en découdre avec leur vieil ennemi.
Mais savent-ils qu'à Londres ils sont très précieux et que leurs missions sans intérêt s'inscrivent en fait dans un cadre stratégique... Koenig l'a bien compris mais Rommel, redoutable tacticien mais stratège moyen, n'a pas perçu l'enjeu majeur de cette bataille.-------------------------------------------------------A suivre.........................................................
A+ Amicalement  | |
|  | | VCDNDA Second Maître


Localisation : ile de Tahiti Navire préféré : KGV BB-63 Bismarck Yamato /autres
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 27 Mai 2012 - 2:09 | |
| De plus en plus meilleur(si j ose dire)..."je me suis bien amusé,au revoir et merci"...Bien amicalement | |
|  | | | Célébrités dans la guerre | |
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