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| | Célébrités dans la guerre | |
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+15polchen57 a.piot VCDNDA BROMURE Christian Le Normand miel didier PascalB Yuth stef olnejean jeanbauduen paulodublesson Clem AD'HOC 19 participants | |
Auteur | Message |
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miel Amiral


Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 27 Mai 2012, 08:54 | |
| Démat Récit toujours aussi agréable à lire _________________  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 27 Mai 2012, 09:18 | |
| Super cette narration, merci Ad'hoc pour toutes ces photos qui agrémentent si bien ton récit |
|  | | jeanbauduen Capitaine de Vaisseau


Localisation : bauduen Navire préféré : bismark uss enterprise cv6 hood
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 27 Mai 2012, 22:11 | |
| Bonsoir merci pour ce récit, et ces photos j’attends la suite. Amitié | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | didier Elève officier


Localisation : Bruxelles - Watermael Boitsfort Navire préféré : Mercator
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mar 29 Mai 2012, 23:03 | |
| Continue ...! _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | a.piot Maître principal


Localisation : chatillon sur indre 36 Navire préféré : maquettes déja réalisées:l'Aurore de Boudriot ,La Belle de Boudriot,un kit le Bounty,un bateau de péche
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 30 Mai 2012, 08:28 | |
| _________________ amicalement a.piot
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|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 12 Sep 2012, 12:07 | |
| B ien le bonjour à tous,
Merci à vous de me suivre dans ma narration! Je ne détaillerai pas les opérations de Bir-Hakeim; d'autres l'ont fait avec infiniment de talent, celui du vécu pour les acteurs de la bataille. Excepté un beau film, les médias ont peu relayé l'anniversaire de cette victoire. Dommage... ---------------------------------------------------------------------------------
Bir-Hakeim encerclé tient toujours et Rommel, pressé par Kesselring, s'énerve.
BA Kesselring et Rommel en février 1942
Car Kesselring, s'il apprécie Rommel, ne voit pas en lui un véritable stratège et lui reproche sa lenteur. La guerre de position n'obéit pas à la vieille doctrine allemande, prussienne plutôt, qui est de forcer le destin des armes par une action offensive brutale sur un seul front. Mais là il est clair que Rommel, adepte de cette stratégie, est bel et bien tombé dans un piège. Toutefois, que les forces allemandes et les divisions italiennes aient piétiné a permis au "Renard" de reconstituer partiellement sa logistique, jusqu'alors dangereusement étirée, et de recevoir des approvisionnements, peu abondants certes mais de quoi retourner la situation. C'est désormais possible, il va en finir avec ces "satanés Français".
Tous ses renseignements concordent: le secteur nord-ouest est le plus vulnérable; c'est là qu'il faut attaquer. Des éléments de la XV° sont chargés de bloquer toute tentative d'aide de la 7° division britannique.
BA Les divisions italiennes "Ariete" et "Trieste" vont utiliser le peu de reliefs pour protéger l'avancée de grenadiers et de sapeurs, issus de troupes d'élite. Une violente préparation d'artillerie lourde et de bombardements aériens fera taire les pièces françaises. Il ne restera donc plus aux panzer qu'à se ruer sur les positions ennemies.
Et de fait un déluge infernal de feu et de fer s'abat sur les Français.
BA
BA
BA  Les colonnes de fumée et de poussières sont visibles à plus de 60 km de là. Mais malgré cela, les premières tentatives italiennes se heurtent au feu nourri des 75:
ECPAD
et des snipers français dangereusement précis:
ECPAD
Néanmoins, malgré de lourdes pertes, si les chars italiens ont du rebrousser chemin, des voltigeurs italiens et allemands ont pu s'approcher très près et s'embusquer.
BA Les patrouilles françaises ne peuvent plus avancer bien loin. Les "Oubanguais" commencent à perdre pied.
Amilakvari envoie en urgence Messmer et sa compagnie renforcer le secteur:
ECPAD. Amicale 1ère DFL Le pilonnage a détruit nombre de tranchées et de trous individuels; se déplacer relève de l'exploit. Messmer réussit à enrayer deux débuts de panique. Amilak lui a donné un seul ordre "Tenez! Jusqu'au bout s'il le faut!"
C'est vital, car le 9 juin le GQG de la 7° Division a fait savoir à Koenig que Bir-Hakeim, ne présentant plus "d'intérêt essentiel", devait être évacué.
Le "Vieux Lapin" en est soulagé car, si le moral des hommes reste élevé et les pertes relativement faibles (87 tués), la fatigue et la soif se font cruellement sentir. Et la situation matérielle est dramatique; les munitions et l'eau vont manquer.
ECPAD. Amicale 1ère DFL Artilleurs du B.M.2 préparant leurs obus.
Les tentatives de parachutages par la RAF se sont soldées par des échecs. Au mieux, on peut tenir un jour, deux et encore... Koenig est anxieux. Sortir en groupes furtifs est peut-être possible mais cela revient à abandonner blessés et équipements. Impensable! Il veut faire retraite et non pas abandonner sa position et ses hommes. Son honneur de chef lui commande de sortir en force là où on ne l'attend pas, et avec tous ses hommes. Il a déjà eu assez de mal à évacuer la plupart de ses prisonniers (environ 260 allemands et italiens) et un bataillon de soldats indiens que Rommel a libéré aux abords de la position pour aggraver la situation, l'eau essentiellement. "Pas facile, mon général, même un peu dingue! Donc ça devrait marcher...". Sacré Amilak, pense Koenig, foncer dans les Boches, forcer le passage, ça lui va. Assurément il y aura de la casse. Il a obtenu des Britanniques qu'ils mettent à disposition 90 véhicules pour récupérer sa division. Mais cela ne sera possible que dans la nuit du 10 au 11.
La RAF multiplie les sorties:
IWM Les pilotes de Hurries
IWM et de P-40 prennent tous les risques pour aider leurs alliés.
IWM Imperial Australian Memorial Ils mitraillent et bombardent au sol. IWM Hurricane IID canonnant un char italien
Avec mordant, ils abattent Ju-87 et autres bombardiers tout en s'empoignant avec violence avec les 109F.
IWM BA. J.Marseille La Luftwaffe a déversé près de 1400 tonnes de bombes et l'artillerie lourde tiré 40000 obus sur la position. Rommel suppose qu'il n'y aura plus beaucoup de résistance; le 11 au matin, ce sera le coup de grâce.
Le "Vieux Lapin" passe la journée du 9 à parcourir la position et à s'entretenir avec ses officiers
S.H.D. Amicale 1ère DFL Avec Simon, Amyot, Amiel, Masson, Amilakvari, Broche, il fait l'état des lieux et organise le dispositif de sortie. On est d'accord: puisque Allemands et Italiens s'efforcent d'enfoncer le front Nord, on percera au sud-ouest, par la Porte du Pacifique.
Ib.
Car sur le front des "Pacifiens" la défense ennemie semble la moins préparée à subir un assaut. Même si l'artillerie allemande harcèle le PC de Félix Broche, il n'y a pas de véritable pilonnage et l'étreinte semble même se desserrer. Hélas, ce même jour, un coup d'embrasure fait mouche; le même obus blesse mortellement le "metua" et son adjoint le capitaine Duché de Bricourt. Le lieutenant-colonel meurt dans les bras de ses gars.
Amicale 1ère DFL
Koenig est bouleversé. Mais l'heure n'est pas à l'apitoiement. Il nomme à la tête des Pacifiens le capitaine Jacques Savey, "dans le civil" prêtre dominicain:
 commandant le B.I.M., unité également très éprouvée. Association Bir-Hakim
La journée du 10 est employée à rendre inutilisable tout ce qui ne peut être emporté. Les bidons vides sont éventrés, paquetage minimum pour tous, le reste, papiers et vêtements, est brûlé. Rien ne doit pouvoir être réutilisé par l'ennemi. On enterre les morts, avec une croix portant leur nom pour les récupérer plus tard et les inhumer dignement.
Vers 19 h 00, une nouvelle vague de Stukas perturbe les préparatifs:

Puis un calme tout relatif revient. Mais les transmissions ont été mises à mal. Rapidement l'ordre passe, net et précis, "Azimut 213,30", et les unités se préparent dans le plus grand silence possible. Difficile cependant... Des "Vos gueules!!!" fusent de tout côté. Les moteurs s'emballent et les mécaniques grincent de toutes parts. Et comme le fait remarquer un fusilier à son officier "Mais, mon lieutenant, s'il n'y a pas de bruit, ils vont se douter de quelque chose...". "Mouais, pas faux, mais quand même..." On rassemble les véhicules disponibles, bren-carriers, camions et camionnettes, en nombre hélas insuffisants pour évacuer l'ensemble des troupes. Priorité absolue aux blessés (200 environ à ce moment).
Les légionnaires fourniront le fer de lance; soldats aguerris, c'est un rôle qu'ils devraient remplir parfaitement. Les Pacifiens suivront; ils connaissent bien leur secteur et sont débrouillards. Des fantassins, bien pourvus en grenades, fourniront les flancs-gardes tout au long du convoi motorisé, organisé en deux colonnes. Des sections du B.M.2, dont les éléments sont tous volontaires, retarderont l'adversaire avant de se replier en échelons successifs. A 8 km au sud-ouest, les Britanniques attendront à la balise 837, trois simples feux rouges.
De plus la météo sera de leur côté; depuis quelques jours, au matin, le secteur est noyé dans une brume épaisse qui s'ajoute à la fumée et au sable soulevé par les tirs. Au point qu'une sentinelle s'est perdue entre champ de mines et marais miné. Stoïque, le soldat, de sa baïonnette, a sondé délicatement le sable autour de lui. Des points durs ne lui laissent aucun doute: il est entouré de mines. Normalement, ces pièges ne sautent qu'au passage d'un véhicule mais le sable et la corrosion issue des chocs thermiques les a rendus dangereusement susceptibles. Et notre homme de roupiller tranquillement au milieu de ces gardiens imprévus. Demain on verra...
Justement, à 21 h 00, les sapeurs commencent à déminer un passage d'environ 200 mètres de large. Mais le travail est dangereux, lent et rendu difficile par les repères discrets volatilisés par les bombardements.
ECPAD. Amicale 1ère DFL La pioche est utilisée pour racler jusqu'à toucher quelque chose, puis on finit à la main. Et on recommence, inlassablement...
Mais à 23 h 15, heure où le rassemblement des unités doit être terminé, le passage n'est guère que de 40 à 60 mètres au mieux, et plus en avant c'est le marais, intact. Les hommes du capitaine Gravier ont travaillé sans répit mais le temps leur a manqué. Tant pis, il faut y aller si l'on veut ménager un effet de surprise. Une quarantaine d'hommes exténués, blessés pour la plupart, surgit alors; c'est la compagnie Messmer qui a décroché à 21 h 00. Ils ont tenu, mais à quel prix: la moitié de l'effectif manque... Une demi-heure pour boire, avaler un morceau et faire le plein de munitions. Il faut repartir.
Koenig grimpe dans son command-car à la carrosserie de bois:
Amicale 1ère DFL
Un geste impératif: En avant!!!
A suivre......................................................................................
A+ Amicalement  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 12 Sep 2012, 13:23 | |
| Merci Adhoc c'est toujours aussi captivant et bien relaté, ça manquait pendant les vacances |
|  | | miel Amiral


Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 12 Sep 2012, 13:24 | |
| Démat Une fois de plus :Récit des plus intéressant, merci pour cette narration _________________  | |
|  | | polchen57 Aspirant


Localisation : 57 Moselle Navire préféré : Tous les navires
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 12 Sep 2012, 18:17 | |
| Bonsoir AD HOC Oui très belle narration. magnifiquement mise en avant par de belles photos. Merci,et je vous suit pour la suite Amitié polchen57 | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 12 Sep 2012, 20:47 | |
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|  | | Henri Maître


Localisation : manosque 04100 paca Navire préféré : tous
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 12 Sep 2012, 22:20 | |
| bonsoir maitre Ad 'hoc toujours aussi captivent , que dire de plus ? amitié Henri _________________ [i]Nous savons de naissance, que la mer dominera toujours la terre. w.Churchill. Le vieux lion
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|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Mer 12 Sep 2012, 22:35 | |
| Merci Ad'hoc pour ce petit bonus |
|  | | jeanbauduen Capitaine de Vaisseau


Localisation : bauduen Navire préféré : bismark uss enterprise cv6 hood
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 16 Sep 2012, 06:41 | |
| Bonjour merci pour ce récit, a suivre. Amitié | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 24 Sep 2012, 00:19 | |
| Bien le bonjour à tous,
Grand merci à tous ceux qui me lisent et à ceux qui me font l'amitié de m'encourager!!! Bonne lecture!
------------------------------------------------------------------------------ Arrivés à la Porte du Pacifique, les premiers éléments précédés de bren-carriers sont guidés par les gars du Génie. Au-delà, il faudra improviser...
Amicale 1ère DFL
Mais pour l'heure, la progression se passe sans encombre. Koenig est fier de ses "Lapins" qui respectent au mieux les consignes de silence. Et soudain, une explosion sèche, une mine!
Aussitôt des fusées éclairantes montent des lignes ennemies, puis des tirs à l'aveuglette. "Effet de surprise raté...! " grogne le général. Devant lui, il entend l'ordre traditionnel "A moi la Légion! En avant!" Puis tout semble se perdre dans un concert de détonations, de claquements et d'explosions. Les traçantes fouillent l'obscurité de leurs pointillés venimeux. Dans le convoi, on a compris instantanément: foncer, c'est tout.
Amicale 1ère DFL
Au volant du command-car, la Miss se retourne: "Accroche-toi, mon Général!" et le Ford bondit sous le coup d'accélérateur.
Notice Ford Utility Derrière, les moteurs hurlent. Les colonnes se désorganisent tandis que les grenadiers des flancs-gardes s'efforcent de protéger les véhicules. Des éléments motorisés vont à fond de train dans le marais, s'égarent, et, plus ou moins avariés, rebroussent chemin pour reprendre le bon cap. Les trois bren-carriers qui ouvrent la marche sautent l'un après l'autre.
On s'efforce de garder pourtant de garder un semblant de cohésion pour se couvrir mutuellement. Les colonnes se heurtent à une première ligne de défense. Les Allemands sont réellement surpris; ils hésitent à tirer sur des soldats qui sont peut-être des leurs, et des rafales se perdent vers le ciel.
Dans le fracas et l’obscurité trouée d'éclairs aveuglants, on se fraie un chemin à la grenade, et on tire plus ou moins au jugé. Il arrive que les adversaires se croisent sans se voir, ou tombent nez à nez et c'est le corps à corps à l'arme blanche. Et les lance-flammes qui se mettent à cracher. Partout hurlements de douleur et ordres lancés à pleine gueule sous ce "feu d'artifice diabolique".
Une deuxième ligne. Le temps ne compte plus. Avancer, sauver sa peau, aider les copains quand on peut. Désormais, les italo-allemands ont compris que l'affaire va être chaude et concentrent leurs tirs sur la sortie. Et les cibles ne manquent pas... Des silhouettes s'écroulent; amis, ennemis, on ne sait plus. Les véhicules projetés en l'air semblent curieusement suspendus avant de retomber brutalement. Parfois des cris inhumains: pneus ou chenilles achèvent des blessés invisibles au sol.
Une troisième ligne. On continue. L'artillerie lourde donne de la voix; elle tue mais ouvre des brèches dans les marais de mines et les barbelés.
SHD Des légionnaires de la compagnie Messmer
Les hommes courent à travers des rideaux de feu, trébuchant sur des corps, se déchirant dans les barbelés.
Des bren-carriers, sous la conduite du lieutenant Jean Devé, collent aux ambulances.
SHD.Ordre de la Libération Tirant de toutes leurs armes pour les protéger, après trois charges, ils bousculent l'ennemi et réussissent à sortir leurs protégées de ce cauchemar de bruits, de couleurs mortelles et de fumées pestilentielles. Mais dans la bataille, Jean Devé reçoit un obus en pleine poitrine.
SHD. Association Bir-Hakim
Plus en avant, devant le command-car de Koenig, une voiture saute sur une mine; Amilakvari s'en extrait. La Miss le récupère; elle va pouvoir sauver les "deux cinglés" et fonce dans la semi-obscurité. Mais comme beaucoup, ils s'égarent, reviennent pour reprendre la tête du convoi. Peine perdue; des véhicules incendiés bloquent les passages, d'autres zigzaguent entre les gerbes d'éclats et de caillasse. Un seul ordre: aller droit devant le plus vite possible! On repart pied au plancher.
Amicale 1ère DFL
Les Pacifiens passent le dernier barrage. Jacques Savey, le moine-soldat, s'écrie "Ca y est, les gars, on est passé!" puis s'effondre fauché. Le bataillon du Pacifique enterre son second chef.
Amicale 1ère DFL
Ce sera bientôt le jour et partout on force l'allure. Bir-Hakeim se vide. Au Sud, un bren-carrier de la Légion s'est arrêté; dans un calme relatif l'équipage souffle et essaie de faire le point: munitions, eau, dégâts matériels et personnels, un blessé à l'épaule, un autre, un fusilier qui s'en allait avec son fusil comme béquille pour soutenir sa jambe perforée heureusement sans atteinte vitale et que l'on a récupéré au vol. Et surtout quelle est la position: " Chef, la boussole est foutue! "(1) - " Il faut se repérer sur Antarès; c'est le Vieux qui l'a dit. " - " Et c'est quoi Antarès? " - " C'est l'étoile la plus brillante du Scorpion. Elle indique le sud-ouest. Facile! " " Des scorpions, on en a déjà assez bouffé...Et c'est où le sud-ouest? " - " Vois pas celle-là, trop de fumée... Chut! Bouclez-la! " Dans la pénombre étrange, des bruits de moteurs et des ombres qui galopent sans précaution particulière. Amis? On empoigne les armes. Le casque des soldats ne laisse aucun doute, pas plus que les quelques syllabes qui parviennent aux légionnaires, des Allemands qui montent vers la nuit zébrée de feu. " Bien, très bien, ces gars! On file en leur tournant le dos. Après...ce sera à gauche toute. Ouvrez l’œil! Objectif: la douche, ça pue le chacal là-dedans! " Des marmonnements réprobateurs. Tout en se grattant la barbe empoissée de sang, une oreille taillée, le sous-officier qui se destine au métier d'instituteur sourit; il aura du boulot...Derrière lui des ronflements ont succédé aux murmures. Il lève le nez; des étoiles apparaissent.(2)
C'est ainsi que, protégés par la brume et les fumées, suivant la Voie Lactée, des petits groupes se dirigent vers la borne B.837.
Amicale 1ère DFL
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Pendant ce temps, au nord de Bir-Hakeim, les troupes de Rommel attendent le signal de l'attaque:
BA
A l'aube, quand la brume commence à se lever, l'ordre est donné:
BA Les colonnes blindées s'ébranlent


tandis que l'artillerie prépare le terrain

La riposte française est timide. Le "Chant du Coq" n'a pas été entendu (3) et Rommel présume que ses adversaires lui préparent une mauvaise surprise. Tant pis! Les panzers se ruent à l'assaut,

suivis des troupes de choc
 Toutes photos ci-dessus: Bundesarchiv
Accueillis par des coups de feu, les landsern avancent prudemment dans la fumée. Quelques détonations puis plus rien. Sous le soleil qui perce, les soldats déconcertés aperçoivent des corps, morts, blessés, des tas de ferraille qui finissent de se consumer sur un terrain ravagé. Ils pensaient se heurter à des milliers de Français. Et ils tombent sur des hommes recrus de fatigue, les yeux fiévreux, à court de munitions.
Rommel se rend à l'évidence; les canonnades perçues au Sud n'étaient pas un accrochage avec la VII° britannique mais bel et bien l'évacuation de Bir-Hakeim. Il ne pensait pas que les Français feraient preuve d'une telle audace. Mais il admire la manœuvre en connaisseur.
BA
Il fait ratisser la position. Tous sont impressionnés par le nombre des postes de combat et par leur simplicité astucieuse. Les morts sont enterrés sommairement dans les tranchées, les blessés soignés. Les Français sont rassemblés en attendant leur transfert vers Benghazi et correctement traités par les soldats de Rommel. De chaque côté, on a vécu le siège et les combats dans les mêmes et rudes conditions: la morsure du soleil, le sable, la vermine, les scorpions, la faim et la soif, les copains morts.
BA BA
Chaque prisonnier reçoit la ration normale d'un soldat allemand. Bien maigre à dire vrai, un peu de confiture sur des biscuits, un morceau d’œuf dur et de l'eau.

Quelques tankistes ont gardé les œufs avec précaution et se régalent d'une omelette cuite à même le blindage brûlant:
BA
Le 12 juin la radio de Berlin diffuse un communiqué: " Les Français blancs et de couleur, faits prisonniers à Bir-Hakeim, n'appartenant pas à une armée régulière, subiront les lois de la guerre et seront exécutés ". Dans l'heure qui suit, le général De Gaulle fait savoir qu'en ce cas les prisonniers allemands connaitront le même sort. Peu après un nouveau communiqué "annule" le précédent.
De toute façon, Rommel n'a aucune intention d'obéir. Le désert l'humanise comme ses hommes. (4) Pour l'heure, la voie est libre et il peut enfin se tourner vers Tobrouk. Quant aux prisonniers, c'est le départ sous escorte italienne vers Benghazi qu'ils atteignent le 16.
BA Ils vont croupir dans un immense camp où l'on a parqué des milliers de soldats alliés, et eux, Français subissent toutes sortes de vexations de la part de leurs geôliers italiens. Deux longs mois à subir la rancune de gardiens pour ces types que l'on aurait dû fusiller.
Enfin, le 15 août, les prisonniers de toutes nationalités sont embarqués à bord de deux cargos armés italiens, le "RM Sestriere"

et le "Nino-Bixio" où l'on met, entre autres, 400 Français.
 Au total, environ 7000 hommes victimes de dysenterie sont entassés dans des conditions sordides.
Dans l'après-midi du 17, le Nino-Bixio reçoit deux torpilles lancées par le "HMS turbulent" (T-Class).
IWM
Ib. Aussitôt, c'est la panique, une ruée vers les échelles pour s'extraire des cales où l'eau s'engouffre. Les hommes sautent dans l'eau noire de mazout; d'autres jettent par dessus-bord des panneaux de cales qui écrasent les malheureux s'efforçant de surnager. Des canots basculent sous le nombre, fracassant des têtes. Voyant cela, des prisonniers préfèrent rester à bord. Advienne que pourra... Bien leur en prend. Le Commandant accompagné de quelques officiers leur assure que son navire doté de cloisons étanches ne coulera pas et les invite à manger et boire autant qu'il leur plaira. Personne ne se fait prier, d'autant qu'effectivement, malgré la gîte importante, le cargo reste à flot. Le lendemain, le destroyer "Saetta" (classe Dardo) prend le navire en remorque et le mène à Navarin.
Regia Marina
Ib. Au port, on dénombre les victimes; près de la moitié des prisonniers a disparu et quasiment tout l'équipage. Dans la cale touchée par une torpille, une horrible bouillie de quatre cents cadavres déchiquetés par l'explosion. Les Français de Bir-Hakeim ont perdu 143 des leurs dont 11 tahitiens du Bataillon du Pacifique. Pour les survivants, ce sera la prison de Bergame. Certains s'évaderont et reprendront le combat dans les maquis antifascistes italiens. Hasard et absurdité de la guerre, l'année suivante, le HMS Turbulent sera perdu corps et biens, le RM Saetta coulé...
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Tout au long de la journée du 11 juin, lentement, trop lentement pour Koenig, ses Lapins arrivent à bon port, à pied ou à bord de véhicules criblés. D'autres arriveront le lendemain. Certains, complètement perdus, sont revenus quasiment à leur point de départ et se font cueillir par les Allemands.
SHD. Amicale 1ère DFL Une ambulance après la sortie
Les hommes épuisés, crevant de soif, souvent éclopés, sont soulagés malgré les copains tombés ou blessés. Ils laissent exploser leur joie
IWM. SHD
Amicale 1ère DFL
Amicale 1ère DFL
Quatorze jours, quatorze nuits, ils ont tenus à un contre dix, mettant en échec le plus fameux des généraux allemands. Ils en sont fiers, mais surtout, surtout ils veulent dormir.
Sur la route d'Alexandrie, arborant leur trophée, ils seront chaudement accueillis par les équipages de l'Alsace et du Lorraine. " Ne vous en faites pas les gars, la RAF a été à la hauteur! "
SHD.Amicale 1ère DFL
Ib.
Claude Raoul-Duval, pilote à l'Alsace, ami de Gary, n'est pas peu surpris:

Abandonnant le command-car troué comme une passoire, sans frein, sans amortisseurs et pneus crevés, la Miss se fera une beauté

avant de reprendre la route. Au bout, le repos enfin...
------------------------------------------------------------------------------
Notes: (1) Phénomène électromagnétique, courant dans le désert, dû à la silice microscopique (2) Le sergent-chef en question était mon oncle (3) Rafale de F.M ou de mitrailleuse tirée "rituellement" à l'aube par les Français en direction des lignes ennemies (4) Dès la constitution du DAK, Rommel avait fait distribuer à tous ses hommes une sorte de code d'honneur, exaltant la conduite exemplaire du soldat allemand et réprimant toute exaction à l'égard des indigènes et des adversaires
A suivre...........
A+ Amicalement  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 24 Sep 2012, 09:37 | |
| Merci Ad'hoc pour la suite de ce sujet, j'ai lu un livre sur la bataille de Bir hakeim, belle épopée pour ces hommes et belle bravoure non seulement pendant la bataille mais pendant l'évacuation du camp retranché |
|  | | polchen57 Aspirant


Localisation : 57 Moselle Navire préféré : Tous les navires
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 24 Sep 2012, 11:26 | |
| Bonjour Trés trés beau reportage bien intéressant et bien documenté, MERCI  Amitié polchen57 | |
|  | | miel Amiral


Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 24 Sep 2012, 11:49 | |
| Démat Formidable ce récit!!merci AD'HOC _________________  | |
|  | | DahliaBleue Premier maître


Localisation : Au Septième Ciel Navire préféré : Croiseur De Grasse
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 24 Sep 2012, 16:32 | |
| - AD'HOC a écrit:
- […]Grand merci à tous ceux qui me lisent et à ceux qui me font l'amitié de m'encourager!!![…]
------------------------------------------------------------------------------ […]Claude Raoul-Duval, pilote à l'Alsace, ami de Gary, n'est pas peu surpris: Abandonnant le command-car troué comme une passoire, sans frein, sans amortisseurs et pneus crevés, la Miss se fera une beauté avant de reprendre la route. Au bout, le repos enfin[…] ------------------------------------------------------------------------------ Notes: […] : D  Bravo pour ce récit dynamique, et pour y avoir mentionné une figure remarquable !
Dernière édition par DahliaBleue le Dim 07 Oct 2012, 10:59, édité 2 fois | |
|  | | jeanbauduen Capitaine de Vaisseau


Localisation : bauduen Navire préféré : bismark uss enterprise cv6 hood
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 24 Sep 2012, 20:02 | |
| Bonsoir merci pour cette suite. Amitié | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 07 Oct 2012, 02:04 | |
| Bien le bonjour à toutes et à tous,
Grand merci pour vos appréciations!!!
D'abord un bilan de cette bataille qui fut la première victoire des Français libres. Les chiffres ne sont pas certains. On s'accorde à considérer que ceux retenus par Pierre Messmer sont les plus proches de la réalité. Aussi je m'y suis reporté. Au total 170 tués dont 87 pour la seule nuit du 10 au 11 juin; 130 blessés; 763 prisonniers et disparus dont 143 lors du torpillage du "Nino Bixio". Pour l'échelon combattant, cela représente près de 25% soit pour l'ensemble de la DFL 17%.
Les pertes humaines italo-allemandes ne sont pas connues. Selon les estimations, elles oscillent entre 3300 et 3700 morts et disparus.
IWM La 1ère DFL a, pour sa part, fait 277 prisonniers. Rommel reconnait la perte de 52 chars et 11 automitrailleuses. La 1ère DFL revendique la destruction ou la prise d'environ 200 véhicules (hors blindés). Encore s'agit-il des pertes matérielles du DAK.
IWM
IWM
Mais les pertes sont sans aucun doute beaucoup plus importantes:
IWM M13-40 de la division Ariete Juin 1942
Au moment où l'encerclement de Bir-Hakeim commence, Rommel dispose de 350 chars. Quand il fonce sur Tobrouk, c'est avec 160 blindés...
La Luftwaffe a perdu une bonne centaine de Stuka et autres bombardiers, du fait de la DCA du "Royal Voyou" et de la RAF. Les pertes, là encore, ont sont doute été supérieures.
En quoi cette bataille et la victoire française est-elle déterminante dans le cours de la guerre du Désert? Réponse connue: elle a permis à la VIII° Armée britannique de se reconstituer, de préparer El Alamein qui sera inévitablement la cible du Feldmarschall (nommé après la prise de Tobrouk).
IWM Des soldats britanniques creusent des tranchées à El Alamein. Juillet 1942
Autre réponse si évidente qu'on a tendance à l'oublier: la ténacité des FFL a permis un premier ravitaillement de Malte.
IWM Opéra de Malte en juin 1942
Deux convois partis l'un de Gibraltar, l'autre d'Alexandrie, malgré de très lourdes pertes ont acheminé 15000 tonnes de matériel, vivres, munitions, avions, carburant, tout ce qui va permettre à l'île de résister activement aux forces de l'Axe pendant quelques semaines. C'est peu bien sûr; mais ce n'est qu'un début. Mais désormais, Spitfire et Beaufighter vont mener la vie dure aux assaillants.
IWM Ib.
De plus Bir-Hakeim a mobilisé des troupes et des avions (plusieurs centaines de Ju-87, entre autres) qui ont fait défaut sur le front de l'Est. Kesselring le reprochera très vivement à Rommel.
Enfin, avec cette première victoire, une poignée de combattants de la France Libre a démontré qu'ils étaient capables d'assumer une mission hors du commun. Rommel: "A Bir-Hakeim, la résistance des Français fut digne d'admiration". De Gaulle: "Mon cher Koenig, je vous embrasse, vous et vos troupes avez rendu à notre armée française le sourire de la gloire".
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Si vous le voulez bien, je vous propose de voir bientôt ce que sont devenus quelques-uns des acteurs de cette bataille de Bir-Hakeim. Vous ne m'en voudrez pas, j'espère, de me livrer à quelques apartés...
A+ Amicalement  | |
|  | | miel Amiral


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 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 07 Oct 2012, 08:54 | |
| Démat Merci pour ce récit et bien sur nous suivrons avec plaisir la suite _________________  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 07 Oct 2012, 10:21 | |
| Encore merci pour cette évocation et j’attends la suite avec impatience!!!!!!!!! |
|  | | jeanbauduen Capitaine de Vaisseau


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 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 08 Oct 2012, 11:56 | |
| Bonjour merci pour ce récit, vivement la suite. Amitié | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 11 Nov 2012, 20:37 | |
| Bien le bonjour à toutes et tous,
Grand merci à vous qui me lisez!!!
Retour sur quelques-uns des acteurs de la bataille, sans souci systématique de leur notoriété de l'époque ou à venir. Mais pas seulement ceux qui ont combattu à Bir-Hakeim. D'autres noms, d'autres figures proches de cette victoire et qui, je crois, vous parleront ou vous surprendront. Bonne lecture! ---------------------------------------- Revenons pour peu de temps un an en arrière. Au Levant (Syrie et Liban) placé par la SDN sous protection de la France, des avions allemands stationnent depuis mai 1941. Mais qui incarne la France? Le gouvernement de Pétain est à la botte de l'envahisseur. Aussi De Gaulle juge légitime de reprendre ces territoires hautement stratégiques sur lesquels Churchill aimerait mettre la main. Les appels aux ralliement, les tentatives de conciliation, rien n'y fait. Le général Dentz, commandant civil et militaire, est un pétainiste convaincu. Malgré les réticences, essentiellement FFL, des combats fratricides entre Français Libres et armée française vichyste font faire rage. La 1DFL commandée par le général Legentilhomme, avec Koenig pour adjoint,
ECPAD parvient à occuper une bonne partie de la Syrie. La 13DBLE de Dimitri Amilakvari investit tant bien que mal Damas.
Parmi les tirailleurs du BM2 s'illustre le sergent Jean Baptiste de Lasalle Mindongo, un soldat jovial, enthousiaste, courageux et discipliné, même s'il ne comprend pas toujours le jargon militaire métropolitain. Jean Baptiste, élevé par son oncle et instruit par les missionnaires, choisit le métier des armes et s'engage dans la Coloniale. Pourtant son père, qui militait pour les droits des noirs en Oubangui, a été exécuté par les gendarmes français; sa mère s'est suicidée quelques jours plus tard. Dès l'armistice de 1940, il rejoint la France Libre. Après la Syrie, il passe au BM1 du colonel Delange puis dans la Force L (Leclerc). Ensuite ce sera l'Indochine et l'Algérie. Il quitte l'armée en 1962 avec le grade de capitaine, décoré de la Légion d'Honneur et de la Croix de Guerre. Et puis... il tourne mal et va faire beaucoup parler de lui...
Dans cette guerre du Levant, les troupes australiennes ont reçu la mission de s'assurer du Liban. Un jeune palestinien, emprisonné depuis deux ans par les Anglais car activiste de la Haganah, entend combattre le nazisme. Libéré, il est incorporé dans un régiment australien. Un jour qu'il observe aux jumelles les positions vichystes, une balle l'atteint au visage mais, déviée par les oculaires, ne fait "que" lui crever un œil.
Il sera bientôt célèbre...
Le général Koenig le rencontrera à plusieurs reprises après la guerre.
Le lieutenant Jean Simon, ami de Messmer depuis la campagne de France et leur ralliement immédiat à la France Libre, est lui aussi grièvement blessé à la tête et perd son œil droit
ECPAD. Musée Ordre de la Libération A Bir-Hakeim, il est capitaine commandant la 2ème compagnie lourde antichars de la 13DBLE. Assoc.1DFL Capitaines Simon, De Sairigné, Saint-Hillier
Cette terrible campagne de Syrie au triste bilan: 1200 tués dans les troupes de Vichy, 1500 tués ou disparus du côté britannique, 187 tués et 409 blessés FFL, ne se soldera pas par un ralliement massif; à peine 6000 ralliés sur les 38000 soldats non dissidents. Ces ralliés sont essentiellement des légionnaires et des coloniaux. Il faut noter que par une sorte d'accord tacite les légionnaires des deux bords, portant haut leur devise "Legio Patria Nostra", ont refusé de se tirer dessus.
Ce qui fait l'affaire d'un jeune légionnaire yougoslave FFL qui comprend mal ces combats entre frères. A 19 ans, il vient de rallier directement la France Libre et la 13DBLE. Il sera de toutes les batailles, de la Lybie à la campagne d'Allemagne, toujours observant, s’imprégnant des images atroces et absurdes de la guerre, à la fois acteur et spectateur de ces scènes où se mélangent cruauté et humanité. Après la guerre, il entre à la Télévision Française où il devient documentariste. Il crée "La Vie des Animaux"  participe par ses reportages à "Cinq Colonnes à la Une".
Frédéric Rossif  réalise de nombreux films documentaires: "Mourir à Madrid", "De Nuremberg à Nuremberg", "Temps du Ghetto", "Révolution d'Octobre", "Sauvage et Beau" et bien d'autres. Il nous a hélas quittés bien trop tôt (1990).
Le capitaine de corvette Robert Détroyat  a reçu le commandement du 1BFM qu'il a créé sous l'impulsion de l'Amiral Muselier. Il a pour adjoint son ami Hubert Amyot d'Inville. Inséparables, on les surnomme "les deux Pachas":
Pendant la guerre 1939-1940, il a commandé le chasseur de sous-marins 5. Le navire, rallié aux FNFL, deviendra le chasseur Carentan et sera présent à Dieppe. Pendant la tragique affaire de Syrie, Détroyat, comme nombre de FFL, s'efforce d'éviter les combats entre Français. Alors que la compagnie Messmer sécurise les abords de Damas, il se trouve face à une compagnie vichyste. Avec deux fusiliers comme escorte, il s'avance vers les soldats "ennemis" et tente de négocier une trêve. Sans succès. Bien pire. Alors qu'il tourne les talons pour rejoindre ses hommes, il est abattu de plusieurs balles dans le dos.
Pour honorer sa mémoire, les FNFL donneront à la corvette type flower HMS Coriander le nom de "Commandant Détroyat"

IWM
dont l'ami Stef a réalisé une superbe réplique: https://www.laroyale-modelisme.net/t5587-corvette-flower-fnfl-1-72-revell-par-stef
Plus tard, un aviso A69 portera également son nom:


Suite à la mort de son ami, Hubert Amyot d'Inville, Coll. Famille Amyot d'Inville qui se rétablit à peine de graves blessures, est promu capitaine de corvette et prend le commandement du 1BFM. Il avait été sous-marinier puis capitaine au long cours. A la guerre, il commande le dragueur de mines "La Trombe II" et participe à l'évacuation de Dunkerque. Avec la VTB11, qui deviendra MGB98, il gagne l'Angleterre.

Pour l'heure, le bataillon qui a subi de lourdes pertes (près de 40%) est recomplété. Transformé en unité de DCA nécessaire à la 1DFL, il va continuer ainsi la lutte de la Lybie jusqu'en Tunisie. A la mi-1943, son commandant que ses hommes surnomment "l'Astuce" pour sa capacité à trouver des solutions dans les pires situations, obtient de Koenig que son 1BFM soit transformé en régiment motorisé de reconnaissance avancée. Il est vrai que ses gars s'ennuient ferme depuis que la Luftwaffe n'a plus la maîtrise du ciel. Doté de véhicules américains, essentiellement de jeeps, le 1BFM participe après d'autres combats à la campagne d'Italie. Le 10 juin 1944, la jeep de Hubert Amyot d'Inville saute sur une mine devant Montefiascone.
En avril 1943, son frère ainé Jacques, capitaine au 3ème Etranger de la 13DBLE, avait été tué en Tunisie. En janvier 1945, son frère Gérald, prêtre et résistant, déporté, est battu à mort par les SS. Seul Guy, officier de cuirassiers, blessé grièvement en 1940, prisonnier, survivra à la guerre.
A la mémoire des trois frères, leur nom sera donné d'abord à un aviso colonial:
Les Navires de guerre français
puis à un aviso A69:
Marine Nationale
 Merci aux Pompons Rouges! Notez que ces deux avisos sont aujourd'hui désarmés, avec un avenir des plus incertains... Pendant la campagne de Syrie le "Vieux Lapin" a vu son chauffeur tué à côté de lui. Il n'est pas ravi de se voir affecter une femme sergent et les débuts sont plutôt froids. On sait ce qu'il en adviendra plus tard... Après Bir-Hakeim, la 1DFL est au repos; en réalité, le Haut Commandement britannique à Londres n'est pas pressé de ré-équiper cette unité dont la victoire a été un peu trop glorifiée à son goût. Malgré les efforts du général Auchinleck puis du général Alexander, adjoint de Montgomery, on traine des pieds. Ce qui n'est pas le cas de Rommel  qui, après la prise de Tobrouk, fonce vers les lignes alliés d'El-Alamein.

Bundesarchiv
Force est donc de remettre l'unité française en état de combattre. Montgomery se plie de mauvaise grâce à cette nécessité; il n'apprécie guère les Français libres qui ont plus l'allure d'aventuriers que de soldats. Grâce à Auchinleck qui a préparé un solide barrage, les forces de l'Axe doivent combattre pied à pied. Les pertes sont lourdes:
IWM 
 Les Français sont chargés du flanc sud où les légionnaires emportent le plateau de l'Himeimat.
IWM Mais une contre-attaque de la Division Folgore, unité d'élite constituée en grande partie de paras lybiens,
 renforcée de chars allemands, amène Amilakvari à faire retraite. Comme beaucoup de ses hommes, le lieutenant-colonel combat képi en tête. Le 24 octobre 1942, il est frappé en pleine tempe. A l'Ambulance, Susan se précipite vers le brancard ensanglanté. Effondrée, elle reconnait Dimitri dont le corps a été recoiffé de son képi par un de ses gars.
Assoc.1DFL. SHD On sait aujourd'hui que le secteur confié aux troupes françaises n'était qu'une diversion, avec une perspective de pertes importantes. Amilak avait dit sans ambages à ses officiers " Jusqu'ici on nous a fait faire beaucoup de conneries, mais aujourd'hui c'est tellement con que ça peut réussir! " Ces paroles ont été depuis largement rendues correctes...
Montgomery tirera, sans état d'âme, toute la gloire du travail de ces prédécesseurs et du sacrifice des FFL, qui vont lui permettre de lancer la contre-offensive

IWM
Pour Susan Travers, le pire est encore à venir. En Italie, le Commandement italien en veut terriblement aux Français, à Koenig en particulier. Si Rommel a accepté sa défaite devant Bir-Hakeim, les généraux de l'Etat Major italien ne digèrent pas d'avoir vu leurs troupes mises à mal par une poignée de traîne-misère arrogants. Alors, par communiqués de la Radio officielle, ils font savoir que le chef de ces gueux n'est rien d'autre qu'un suborneur, un adultère qui salit l'honneur de l'armée française dite libre. L'épouse de Pierre Koenig fonce alors vers Alexandrie. Malgré tous les efforts du "Vieux Lapin" qui a éloigné la Miss, les deux femmes finissent par se rencontrer. Madame Koenig remercie Susan Travers d'avoir sauvé la vie de son mari lors de la sortie de Bir-Hakeim. A son mari, elle reproche surtout de compromettre sa carrière par ses incartades et lui enjoint d'y mettre fin.
Le général Montgomery juge aussi utile de rappeler à son homologue français qu'il ne doit pas y avoir de femme sur le front, autres que dans les services médicaux. Inutile de préciser que les relations des deux hommes ne vont guère s'améliorer. La Miss, désespérée, envisage de mettre fin à ses jours, mais juge vite que cela n'aurait aucun sens en pleine guerre. Elle retrouve alors sa fonction d'infirmière-ambulancière au sein de la Légion. Ces amoureux hors norme saisiront toutes les occasions de se revoir malgré les risques pour la carrière de Koenig (dont il n'a cure). C'est ainsi qu'ils iront se recueillir sur la tombe d'Amilak. Mais, après la campagne de Tunisie, Koenig se voit confier le 1er août 1943 la lourde tâche d'opérer la fusion des troupes du général Giraud, 300000 hommes, aux 50000 soldats FFL. La 1DFL passe alors sous le commandement du général Charles Diégo Brosset
SHD un soldat qui connait parfaitement le désert pour y avoir passé 15 ans comme méhariste avant de prendre la tête de la 2ème Brigade Française Libre. Anticonformiste, peu soucieux de la hiérarchie, fougueux, soucieux de ses hommes, il s'est couvert de gloire en Tunisie en faisant sauter le verrou de Takrouna. Avec ses hommes, accompagné de la 5ème Brigade néo-zélandaise et du Bataillon Maori, il emporte cette position jugée quasiment inexpugnable.
BA NZETC
NZETC La 90 Division du DAK et la Division Trieste n'existent plus: 28000 prisonniers.
IWM. SHD
C'est donc ce chef exceptionnel qui va conduire la 1DFL. En septembre 1943, la division, ré-équipée en matériel américain, devient 1ère Division Motorisée d'Infanterie, 1DMI, mais pour tous elle reste la 1DFL. Le général Brosset a un chauffeur titulaire. Mais le malheureux passe le plus clair de son temps cramponné à l'arrière de la jeep que l'officier adore conduire lui-même. Il a aussi un aide de camp, un jeune sous-lieutenant, qui, après s'être ennuyé trop longtemps à tourner un film de propagande (car il est comédien et acteur) est heureux de reprendre le combat. Même s'il n'apprécie guère le train d'enfer que mène la jeep... De temps à autre, un freinage brutal. 
Le général descend, saute sur un char en marche pour donner un ordre, "engueule Pierre ou Paul", lance une consigne, un encouragement. Il est adoré de ses soldats qu'il ne ménage pas mais il ne leur demande rien qu'il ne fasse lui-même. Son aide de camp, Jean-Pierre Aumont  souscrit totalement à l'opinion de son chef sur lui-même: " Je dis merde aux obus et on avance. Je ne serai jamais un vrai général mais ma division est une vraie division." mais il l'aime aussi pour sa culture très large, son humanité et sa diplomatie, ses conversations érudites alors que les balles sifflent. Pour la 1DFL, la route est encore longue. L'Italie, le débarquement de Provence,  la prise de Toulon, la remontée du Rhône, la libération de Lyon, SHD où Brosset récupère son aide de camp gravement blessé en Provence et promu lieutenant  la terrible bataille des Vosges 
Le 20 novembre 1944, en Haute-Saône, la jeep fonce sur une route enneigée et boueuse. Un virage masqué. Le véhicule dérape et bascule en contrebas dans un petite rivière en crue. Des soldats se précipitent; se tenant les uns aux autres, ils réussissent à extirper des flots boueux le lieutenant Aumont et le chauffeur, sonnés mais indemnes. Le corps de Diégo Brosset sera retrouvé deux jours plus tard. Ainsi disparait l'un des généraux français les plus doués mais aussi, hélas, l'un des moins connus.
Le lieutenant Aumont choisit de retrouver son arme d'origine, les cuirassiers, en passant sur un char du 1BFM
Assoc.1DFL qu'il mènera jusqu'à la victoire.
 Revue "France Libre"
Au sein de la 13DBLE, désormais commandée par le lieutenant-colonel Saint-Hillier, la Miss est de tous les combats. En treillis US, conductrice émérite, elle passe indifféremment de la lourde ambulance Dodge IWM
au GMC, Assoc.1DFL et du tracteur d'artillerie au char de dépannage.
En juin 1945 la Miss, adjudant-chef depuis novembre 1944, est enfin officiellement légionnaire. Elle reçoit une invitation du gouverneur militaire de Paris, Marie-Pierre Koenig. Tendres retrouvailles qu'ils savent sans lendemain...
-------------------------------------------------------------------------
A suivre, quelques compléments, et les sources bibliographiques pour rendre à César ce qui lui appartient.  A+ Amicalement  | |
|  | | jeanbauduen Capitaine de Vaisseau


Localisation : bauduen Navire préféré : bismark uss enterprise cv6 hood
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 11 Nov 2012, 20:47 | |
| Bonsoir encore merci de nous faire revivre, ces faits d'armes de notre armé, vivement la suite. amitié | |
|  | | stef Aspirant


Localisation : haute normandie Navire préféré : corvette flower
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 11 Nov 2012, 21:07 | |
| formidable comme toujours !!!sincerement merci ad hoc pour ce pur moment de culture!!!! amitiés stef _________________ demain j arrête  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 11 Nov 2012, 22:30 | |
| Super, un régal et quelle épopée pour ces hommes, merci Ad'hoc continue on adore |
|  | | miel Amiral


Localisation : BRIERE Navire préféré : LA COURONNE LE SUPERBE ORENOQUE LE RENARD LE PEREGRINE GALLEY LE KING DU MISSISSIPI LE HELDER FIRE-BOAT VEDETTE LANCE TORPILLE LE CYGNE LE REQUIN BATEAU-JOUET
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 11 Nov 2012, 22:48 | |
| démat Récit captivant!! on attend la suite avec impatience Merci Ad'hoc _________________  | |
|  | | marinyves Quartier-maître de première classe

Localisation : St-Germain-Lès-Corbeil (91250) Navire préféré : voilier "Requin"
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 12 Nov 2012, 15:28 | |
| Bonjour AD'HOC, je viens de découvrir ton post et je voudrais t'exprimer toute ma gratitude pour ton initiative. Je découvre ou redécouvre avec le plus grand plaisir, voire avec émotion, des personnages qui forcent l'admiration. Par ailleurs, je te félicite pour ton talent de rédacteur; le texte est à la fois précis, vivant, habilement illustré et cerise sur le gâteau (à mes yeux) ... écrit dans un excellent français (je fais partie de la génération "5 fautes = zéro ....!) ce qui devient hélas de moins en moins fréquent et je le regrette. Toute mon admiration donc et mes remerciements. Bien sincèrement et amicalement. Yves | |
|  | | polchen57 Aspirant


Localisation : 57 Moselle Navire préféré : Tous les navires
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Lun 12 Nov 2012, 18:03 | |
| Bonsoir AD'HOC Félicitations pour ce reportage.  Amitié polchen57 | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 18 Nov 2012, 00:30 | |
| Bien le bonjour à toutes et tous,
Toutes mes excuses pour ne pas vous avoir remerciés plus tôt de vos compliments, encouragements et éloges... Tout cela n'est pas tout à fait mérité car, me relisant, j'ai noté non pas des erreurs historiques à ce qu'il me semble, mais des fautes de grammaire et d'orthographe, dues, cela va de soi, à l'inattention et à ma vue basse (ouffff!)
A bientôt donc, et, si comme je l'ai déjà écrit, vous trouvez mon récit un peu long ou erratique, n'hésitez pas: dites-le moi! Je continuerai quand même....  N'hésitez pas non plus, et je suis sérieux, à me signaler toute erreur ou affirmation qui peut vous sembler douteuse (c'est à dire sujet à discussion).
A+ Amicalement  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Célébrités dans la guerre Dim 18 Nov 2012, 09:37 | |
| Bien le bonjour, cher Ad'hoc, tu as cité - Citation :
- Toutes mes excuses pour ne pas vous avoir remerciés plus tôt de vos compliments, encouragements et éloges...
Tout cela n'est pas tout à fait mérité car, me relisant, j'ai noté non pas des erreurs historiques à ce qu'il me semble, mais des fautes de grammaire et d'orthographe, dues, cela va de soi, à l'inattention et à ma vue basse (ouffff!)
Eh bien j'ai envie de te répondre" mon oeil!!!!!" Merci encore, pour ton récit qui m'a l'air inépuisable |
|  | | | Célébrités dans la guerre | |
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