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| | Débarquement à DIEPPE... | |
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+15filminiature jacques13 Charles Qc VCDNDA Daniel S le Vendéen surcouf Yuth Christian Le Normand BROMURE AD'HOC jacknap1948 didier jeanbauduen olnejean stef 19 participants | |
Auteur | Message |
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stef Aspirant


Localisation : haute normandie Navire préféré : corvette flower
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Dim 06 Fév 2011, 19:11 | |
| bonsoir je viens de voir mon grand pere .ce qu il a vu est terrible malgres ce jour maudit je repasse chez lui pour identifier quelques vehicules qu il a vu passer ce jour !! c est pas une plaisanterie!!(je savais on en as deja parlé ) mais on a le chance d avoir encore une personne encore en vie !!!mon grand pere a 84 ans et toute sa tete!!!il est superbe!!!!!j epere etre comme lui a son age!!vraiment a+ stef _________________ demain j arrête  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Dim 06 Fév 2011, 19:33 | |
| je te le souhaite et aussi pour ton grand père |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 09 Fév 2011, 00:12 | |
| Bien le bonjour à tous,
Avant de parler du "débarquement" de Dieppe, revenons un peu en arrière. Je vous demande de m'excuser si j'ai l'air d'un vieux prof , mais si l'on zappe cette étape, et si l'on ne se replace pas dans le contexte, on ne peut comprendre cette journée du 19 août 1942. Pour nous qui connaissons l'issue de la guerre, il est facile de juger, mais l'aube de 1942 est loin, à ce moment du conflit, d'être claire.
Le 22 juin 1941, Hitler a dénoncé le pacte de non-agression passé avec Staline en août 1939 et se lance à la conquête du Leibensraum. Sur 3 fronts, la Wehrmacht et les panzers, appuyés par la Luftwaffe et ses Stukas,

s'enfoncent en URSS, l'extrême Sud étant confié aux alliés hongrois, roumains, bulgares et italiens.


Comme Staline a purgé sa propre armée de la plupart de ses cadres et ne croit pas à l'imminence d'une agression, l'offensive allemande est d'abord rapide tant la pagaille est grande dans l'armée rouge dont les soldats sont braves mais l'encadrement, sans grande formation, quasiment incapable. L'aviation soviétique est clouée au sol ou abattue.

Dès juillet, Staline demande l'aide de ses alliés mais n'obtient que de vagues promesses. Pour Hitler, l'écrasement de l'URSS n'est l'histoire que de quelques semaines (8 pour être précis), au pire quelques mois; Keitel a bien émis des réserves mais il a jugé plus prudent de ne les expliciter qu'à son entourage.
En novembre Von Rundstedt est bloqué sur le front sud dont il a la charge; il a déjà demandé à Hitler de suspendre l'offensive et fait à nouveau valoir que son armée a besoin de se refaire et qu'elle n'est pas équipée pour combattre en hiver. Les troupes sont épuisées par les combats, la tactique de la terre brûlée et le harcèlement incessant des "partisans" que l'on chasse sans merci:

Le Feldmarschall, accusé de défaitisme et de mauvaise volonté, démissionne. Quelques jours plus tard, Guderian, théoricien et stratège de la Blitzkrieg est limogé. Le Führer, chef suprême des armées, mènera les opérations avec des généraux plus dociles que ces "vieux" officiers prussiens méprisants.
L'opération Barbarossa a soulagé la Grande-Bretagne qui supporte depuis près de 3 ans le plus gros de l'effort de guerre: sur la Manche, la Mer du Nord, l'Atlantique, la Méditerranée, l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Elle a déjà remporté quelques victoires non négligeables. En mars 1941, le raid sur les Iles Lofoten est un succès; à la fin de ce même mois, la Royal Navy prive Mussolini d'une bonne partie de sa flotte. En mai, le redoutable Bismarck est envoyé par le fond.
En août 1941, Roosevelt fait voter la loi Prêt-Bail pour acheminer approvisionnement et matériel en URSS et en Grande-Bretagne, rompant officiellement la "neutralité" des Etats-Unis. Rappelons par exemple que le fameux Mustang a été étudié pour la RAF et que des aviateurs américains combattent depuis 1940 au-dessus de l'Europe. Certains même se sont posés en sol français en mai 1940.
Le 7 décembre 1941, le soleil se lève brutalement sur Pearl-Harbor.

Quelques jours plus tard, les HMS Prince of Wales et Repulse sont coulés par l'aviation japonaise au large de Singapour. L'avancée japonaise est foudroyante. Elle écrase littéralement ses ennemis des îles du Pacifique à la frontière iranienne et des Indes Néerlandaises aux Iles Aléoutiennes. Les prisonniers se comptent par dizaines de milliers.

L'Australie est menacée. Un peu partout dans les colonies des empires européens, le Japon suscite des mouvements nationalistes, notamment en Inde. Ailleurs, l'alternative est claire:
 Collection personnelle
Il dispose désormais de ressources énormes en matières premières.
Fin décembre, à Washington, Roosevelt et Churchill conviennent d'une politique défensive à l'égard du Japon et adoptent le principe d'un débarquement en Afrique du Nord pour le printemps 1942, nom de code "Gymnast". Roosevelt souhaiterait une initiative sur le front ouest mais Churchill n'a guère de difficulté à lui faire admettre que si l'armée allemande et les Italiens s'emparent du canal de Suez, une jonction avec les Japonais deviendra possible par l'Inde. Churchill de plus n'est pas parfaitement assuré de la "fiabilité" du nouvel allié soviétique. Et s'il concluait une paix séparée avec l'Allemagne? Néanmoins, l'ouverture du front Est offre un répit inespéré; et Churchill le sait, tôt ou tard la Grande-Bretagne et les USA devront aider l'URSS en ouvrant un nouveau front.
1942 ne se présente donc pas sous les meilleurs auspices. Loin s'en faut.

 Collection personnelle
En Afrique Rommel reprend l'offensive visant l'Egypte, ses arrières protégées par l'Afrique du Nord française. En Méditerranée, la Royal Navy combat âprement de Gibraltar à Port Saïd. Malte, verrou entre les "Deux Mers", est l'objet d'une lutte furieuse. Civils, militaires, matériels, approvisionnements, tout s'installe sous terre:

Si l'île résiste, Italiens et Allemands seront asphyxiés en Lybie.
A l'Est, les Allemands, malgré leur lourdes pertes

et malgré la contre-offensive des divisions sibériennes, menacent Moscou, Léningrad et Stalingrad, s'enfoncent en Crimée et visent le Caucase et son pétrole.

Dans l'Atlantique, les U-Boot infligent des pertes effrayantes aux convois à destination de Mourmansk; en 1941, ils ont coulé presque 3 fois plus de tonnes que ce que les USA et la Grande-Bretagne ont construit.

Les Loups Gris rôdent même en toute impunité devant les ports américains.
De part et d'autre de la Manche, la situation paraît plus calme. La Grande-Bretagne reconstitue peu à peu ses forces, le danger d'un débarquement allemand s'étant éloigné. La Lufwaffe a mis fin aux actions d'envergure au profit d'incursions de Jabos. La RAF, quant à elle, mène des opérations de harcèlement sur le continent.
En février 1942 a lieu le raid sur Bruneval; le succès est réel. Mais en ce même mois, malgré la Royal Navy, les Scharnhorst, Gneisenau et Prinz-Eugen réussissent à forcer le Pas-de-Calais. En mars, pour éloigner la menace du Tirpitz, est menée l'Opération Chariot sur St-Nazaire. Le bilan humain est lourd mais c'est une réussite qui a enthousiasmé l'opinion publique.
C'est dans ce contexte d'incertitude où tout peut basculer que Staline appelle à nouveau ses alliés à ouvrir un 2ème front en Europe. A un Churchill réticent parce qu'il sait que c'est bien trop tôt, Roosevelt rappelle que lui aussi est très favorable à une action en France. Des 2 côtés de l'Atlantique, on se met à plancher sur divers scénarios. Les américains penchent pour une action frontale alors que les britanniques préfèrent une action de harassement par raids.
En mars 1942, le général Eisenhower, chef des plans de l'état-major US, élabore le plan "Sledgehammer" (Marteau-pilon), approuvé par Roosevelt le 1er avril. Il s'agit rien moins que de prendre Cherbourg en septembre, d'y débarquer 12 divisions (essentiellement britanniques) et de tenir le Cotentin jusqu'au printemps 1943 où s'effectuera un débarquement sans doute dans le Pas-de-Calais (opération "Round-Up"). Les Britanniques jugent le projet complètement irréaliste. Mais d'un autre côté, si l'URSS s'effondre, la Wehrmacht pourra se retourner contre l'Angleterre. Il y a donc une réelle urgence à aider les Russes. Toutefois, matériellement, ni les USA ni la Grande-Bretagne n'ont les moyens de lancer une opération d'envergure. Il devient évident que ce qui sera fait ne pourra être qu'un test en prévision des offensives à venir.
C'est alors que le Bureau britannique des Opérations Combinées (C.O.Hq), qui a étudié les différents raids menés en France et en Norvège, dirigé depuis octobre 1941 par Mountbatten, propose une opération sur Dieppe.
A venir: les tribulations du projet et le plan définitif...
A+ Amicalement  | |
|  | | stef Aspirant


Localisation : haute normandie Navire préféré : corvette flower
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 09 Fév 2011, 00:20 | |
| merci ad hoc superbe presentation et vraiment bien illustré! je te rassure cela ne fais pas vieux prof!!!belle mise en place amicalement stef _________________ demain j arrête  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 09 Fév 2011, 05:59 | |
| très belle présentation et bien illustrée de tes photos vraiment très intéressant on va attendre avec impatience la suite du cours |
|  | | olnejean Maître principal


Localisation : Sendrogne, (Dépt de l'Ourthe)
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 09 Fév 2011, 10:19 | |
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|  | | surcouf Maître principal


Navire préféré : Cuirassés et vaisseaux de ligne..
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 09 Fév 2011, 20:08 | |
| :pirat: Salut à tous, L'histoire du raid sur Dieppe à été décidé pour tester les défenses portuaires allemandes. Les Anglais à l'époque n'avaient pas encore eu l'idée de construire des ports artificiels pour ravitailler le débarquement (idée d'ailleurs initiée par Churchill lui même). Ils étaient obligés donc de conquérir un port pour débarquer. Les allemands le savaient bien entendu et en avaient fait de véritables forteresses. Pour les anglais il fallait absolument faire un raid sur une plage pour élaborer le futur matériel à utiliser pour contrer les défenses. Dieppe à été choisi en fonction de la proximité des côtes anglaises et sa capacité à être défendu par la RAF. Fallait-il faire un simple raid de commando de nuit ou une opération à grande échelle?. Le raid de commando n'apporterait que peu d'indications sur la capacité des chars à évoluer sur une plage bien défendue. Et effectivement les soldats Canadiens nombreux et non utilisés ne demandaient qu'a "y aller" poussés en plus par des généraux en quette de gloire. Churchill porté sur les actions d'éclats ne demandait pas mieux. On opta donc pour l'opération à grande échelle. Mais de graves erreurs furent commises dès le départ. La première fut tout simplement de ne pas tenir compte des galets de la plage de Dieppe qui furent une véritable catastrophe pour les chenilles des chars. Le matériel de repli peu adapté à l'opération et relativement aléatoire, le manque d'avions pour le survol de la zone de combat, mais surtout le manque de discrétion qui laissa le temps aux Allemands de se préparer et faire venir des renfort. Ceci dit sans Dieppe il n'y aurait jamais eu Overlord car tout le matériel fut étudié à partir de cet échec. Pour réussir Dieppe il aurait fallu un tapis de bombes de saturation sur les défenses juste avant l'opération, au moins 2 cuirassés (sous protection contre les ju88 et stukas) envoyant des obus à grande distance pour détruire les arrivées de ravitaillement et bunkers. Ceci dit un assaut de grande envergure sur les plages, sans troupes de relève et matériel lourd parachuté ou débarqué sur les arrières de l'ennemi à peu de chances de réussir. C'est cela qui a manqué à Dieppe, un assaut parachutiste sur les arrières de l'ennemi. Les allemands n'avaient qu'a se concentrer en direction de la mer. A+
Dernière édition par surcouf le Jeu 10 Fév 2011, 05:02, édité 1 fois | |
|  | | olnejean Maître principal


Localisation : Sendrogne, (Dépt de l'Ourthe)
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 09 Fév 2011, 20:15 | |
| - surcouf a écrit:
- :pirat:
Et effectivement les soldats Australiens nombreux et non utilisés ne demandaient qu'a "y aller" poussés en plus par des généraux en quette de gloire. J'imagine que ta plume a fourché ... Tu voulais dire "Canadiens" ... | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 09 Fév 2011, 20:23 | |
| un bombardement de saturation aurait causé beaucoup de pertes civiles! |
|  | | stef Aspirant


Localisation : haute normandie Navire préféré : corvette flower
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 09 Fév 2011, 21:23 | |
| - pascal 94 a écrit:
- un bombardement de saturation aurait causé beaucoup de pertes civiles!
merci pour les dieppois je repete ceci n etait pas une invasion!!!!!!!!!!!!!!! mais bon allons jusque au bout du sujet et l operation rudder!!une vrai catastrophe aussi!!passée dans l oublie aussi toute autant lié a dieppe!! mais je pense que ad hoc a tout prevu je lui fait confiance a+ stef | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 09 Fév 2011, 23:37 | |
| Bien le bonjour à tous,
Merci à tous pour vos interventions, en particulier Surcouf. Merci bien sûr à Stef pour sa confiance et pour "recadrer" le sujet. En effet si l'on oublie "Rutter", on se prive d'éléments déterminants pour comprendre cette journée sanglante. Je ne suis pas intervenu sur ce sujet pour excuser l'opération Jubilee mais pour essayer de la resituer dans son contexte. J'ai essayé dans ma précédente intervention de montrer que, dans ce contexte de l'année 1942, tout était possible et que les Alliés occidentaux ne pouvaient pas ne pas "faire quelque chose". Aussi, comme je vous l'ai annoncé plus haut, il est important de s'immerger autant qu'il est possible dans cette époque où il n'y a de place que pour des "Si..." lourds de menaces. Il y a des points sur lesquels je me permettrai de mettre en avant mon expérience (en live) des blindés et des opérations commandos (itou). Aussi, d'avance, excusez-moi, mais il y a des clichés qui ont la vie dure.
A bientôt et encore merci A+ Amicalement 
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|  | | surcouf Maître principal


Navire préféré : Cuirassés et vaisseaux de ligne..
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Jeu 10 Fév 2011, 05:01 | |
| - olnejean a écrit:
- surcouf a écrit:
- :pirat:
Et effectivement les soldats Australiens nombreux et non utilisés ne demandaient qu'a "y aller" poussés en plus par des généraux en quette de gloire. J'imagine que ta plume a fourché ... Tu voulais dire "Canadiens" ... :pirat:  Oui regardez l'heure cette coquille m'a réveillé en pleine nuit!, !!!!! j'ai corrigé!!!!! | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Jeu 10 Fév 2011, 05:08 | |
| je constate Surcouf bon courage |
|  | | stef Aspirant


Localisation : haute normandie Navire préféré : corvette flower
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Jeu 10 Fév 2011, 11:03 | |
| bonjour ad hoc je viens de realiser que dans le bouquin que j ai le militaria hors serie n 75 de 2010 il y a une enorme boulette sur l intitulé operation "rudder" .on ne peux pas faire confiance a ce bouquin meme le profil de la fameuse jeep que je fais est archi faut.donc j ai relu les autres bouquins que j ai et c est bien operation "rutter" milles excuses pour cette boulette malgres moi .je banni donc ce livre !!! amicalement stef _________________ demain j arrête  | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Jeu 10 Fév 2011, 11:08 | |
| ce n'est pas de ta faute et ce n'est pas grave Stef |
|  | | didier Elève officier


Localisation : Bruxelles - Watermael Boitsfort Navire préféré : Mercator
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Jeu 10 Fév 2011, 21:10 | |
| Bonsoir à tous
Un bon bouquin : "Les Canadiens à Dieppe" de Jacques Mordal - Ed Presses de la Cité.
Discours de Churchill 8 sept 42 : "le raid doit être considéré comme une reconaissance en force... je considérais personnellement l'assaut de Dieppe comme un préliminaire indispensable à des opérations de grande envergure"
Pertes canadiennes en proportion : 65 %
Déclaration de sir Roger Keyes (l'instigateur du raid de Zeebruge 1918) "opération mal conçue, née sous une mauvaise étoile, contsitutait tout compte fait une expérimentation bien coûteuse"
Leçons tirées : - nécessité d'un soutien feu très puissant - difficulté d'attaquer un port directement - nécessité d'assurer la protection du personnel chargé de la destruction des obstructions
_________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Sam 12 Fév 2011, 23:05 | |
| Bien le bonjour à tous,
Grand merci pour vos remarques et contributions à ce sujet! Pour Stef, il faut effectivement se méfier de certaines publications où sévissent parfois des historiens improvisés. Cela dit, l'Histoire n'est pas non plus une science exacte.
Comme nous l'avons vu plus haut, les Alliés n'ont pas, en ce mois d'avril 1942, les moyens humains et matériels pour monter une opération amphibie de grande envergure. Les USA viennent à peine de mettre en route leur production de guerre et, du million d'Américains qui doivent arriver en Grande-Bretagne, seuls 32000 sont présents, toutes fonctions confondues. Quelques unités de B-17 viennent de s'installer, mais les Eagles Squadrons US sont équipés de Spifire.
Les états-majors continuent à combiner des plans, sans avoir aucune expérience de ce que peut être un débarquement, si l'on excepte celui des Dardanelles, qui remonte à plus de 25 ans et qui fut sanglant.
Tout le monde à l'époque (les Allemands aussi d'ailleurs) est d'accord sur un point: pour effectuer une telle opération, il faut s'emparer d'un port et cela sans trop de dégâts sur les installations. Condition sine qua non: la surprise.
On passe en revue les différents ports français. Cherbourg, déjà évoqué, est puissamment fortifié et trop éloigné des bases aériennes britanniques; Calais, Dunkerque et Boulogne sont également bien défendus. Et les aviateurs qui les survolent peuvent témoigner que la Flak y est dangereusement active.
Reste donc Dieppe. C'est un port de moyenne importance, d'escale essentiellement, donc peu de risque pour la Navy de se trouver face à des navires lourds. Les ouvrages de défense sont apparemment plus faibles. Des falaises bien sûr, mais entaillées de valleuses. Enfin une vaste plage prolongée par une esplanade, idéale pour une percée par les blindés. De plus, il présente des objectifs intéressants: des radars dont l'étude complètera utilement celui rapporté de Bruneval, de l'artillerie lourde certes mais dont les pièces sont installées dans des cuvelages, un terrain d'aviation inutilisé à l'arrière, des pièces de DCA dotées de système de visée très utiles à récupérer, des hommes enfin, spécialistes et officiers, qu'il sera très profitables de faire prisonniers, avec des documents précieux.
Enfin il va être possible de tester au combat de nouveaux matériels dont les chars Churchill. Certains sont dotés de rouleaux de fascines pour passer galets et barbelés, d'autres de lance-flammes. On les a soigneusement rendus étanches et les échappements rehaussés par des tubes en forme de lyre. Certains navires et embarcations viennent en un temps record d'être conçus et construits.
Tout concourt à une vision raisonnablement optimiste du déroulement du raid.
Il s'agit alors de définir comment mener à bien l'opération. On se trouve alors devant une alternative: attaque frontale ou prise en tenaille du port? Je vous passe les innombrables discussions sur le sujet entre Montgomery (chef controversé), Eisenhower (qui n'a jamais combattu), Churchill, Mountbatten (qui a combattu sur mer), Hugues-Hallet, etc. Notons qu'à ce stade, les Canadiens ne sont pas encore associés à la finalisation du projet.
Le Bureau des Forces Combinées propose donc 2 plans: - 1: attaque frontale sur la plage de Dieppe avec l'appui des blindés, actions latérales sur Puys et Pourville par des fantassins, simultanément neutralisation des batteries lourdes de Berneval et Varengeville par des parachutistes. Intervention de troupes aéroportées par planeurs sur Arques où l'on croit qu'est installé le Q.G allemand et prise du terrain de St-Aubin pour le rendre inutilisable.
- 2: attaques terrestres principales à Pourville, Puys et Quiberville avec l'appui des blindés. Mêmes objectifs pour les paras. Même intervention des troupes aéroportées. Des forces de réserve se tiendront face à Dieppe.
Dans les 2 cas, une heure avant l'aube, les défenses du port et de la ville seront pilonnées par l'aviation et la Navy devra neutraliser celles des falaises. La population locale devra être avertie auparavant par tracts et messages radio.
Le plan 1 après quelques modifications est adopté sous le nom de code "Rutter". Les Canadiens dont on a vu qu'ils étaient impatients d'en découdre sont les plus à même de fournir le plus gros des forces terrestres. Montgomery contacte le général McNaughton commandant la 1ère armée canadienne; au vu de l'importance du projet, celui-ci demande l'avis de l'Etat-Major d'Ottawa qui donne son feu vert aussitôt. Le commandement des forces terrestres sera assuré par le général John Hamilton Roberts, commandant la 2ème Division canadienne:

Là encore, je passe sur la chronologie des différents échanges entre états-majors, ainsi que des diverses réunions préparatoires. Toutefois, deux points importants sont à souligner. Au cours de ces discussions en effet, Sir Dudley Pound, Premier Lord de l'amirauté, fait savoir que la Royal Navy ne peut prendre le risque d'engager des cuirassés dans une opération risquée et restreinte. De même Sir Arthur Harris, commandant le Bomber Command,
fait valoir qu'il n'est pas souhaitable de faire intervenir des bombardiers lourds si l'on veut garder le port intact, d'autant que ses appareils viennent juste de commencer les raids nocturnes sur l'Allemagne.
En tout cas l'objectif, Dieppe, n'est connu que des officiers qui ont participé à l'élaboration de ce raid massif. Le secret doit être absolu.
Commencent alors en mai l'entraînement et les exercices destinés à valider le projet et à mettre les hommes en condition.
 IWM
Ces manœuvres se déroulent sur l'île de Wight parce qu'elle est est la plus apte à rassembler les conditions de l'opération réelle. Les fantassins reçoivent un minimum d'instruction commando. Les chars débarquent sur des plages de galets et suivent un entraînement spécifique.
Sur Dieppe, des avions de reconnaissance opèrent à haute et très basse altitude pour récolter le maximum de renseignements. Les pilotes débordent largement de la cible pour éviter les soupçons.
 Archives Nationales Canada
 IWM
Churchill demande à ce que les bombardements préparatoires soient les plus précis possibles afin d'épargner le plus possible les populations civiles. On dresse alors une liste précise des objectifs à bombarder. "Bomber" Harris peut respirer.
Les 11 et 12 juin, un exercice inter-armes baptisé "Yukon" se déroule sur les côtes du Dorset. Le résultat est désastreux: les barges difficiles à manœuvrer débarquent leurs troupes bien loin des points fixés, les chars arrivent trop tard, la marine ne sait pas trop quel est son rôle, quant aux paras ils sont largués trop loin de leurs objectifs. Le raid prévu pour le 21 juin est reporté à juillet.
Les hommes sont renvoyés dans leurs casernements sans avoir bien compris l'utilité de ces manœuvres.
Bien sûr, ils se doutent que "quelque chose" doit avoir lieu, d'autant que les 22 et 23 juin, ils sont à nouveau expédiés au même endroit. "Yukon II" se déroule un peu mieux, d'autant que l'on a pris soin de faire tirer à balles et munitions réelles (obusiers et mortiers). On ne vise pas évidemment les soldats mais les explosions et les sifflements "pour de vrai" les mettent en condition: pas question de traîner ou de s'interroger. Les Churchill évoluent sans problème sur les galets et remplissent bien leur rôle d'appui à l'infanterie. On note que les rideaux de fumée ont été insuffisants ou déclenchés à contretemps. Mais à nouveau la collaboration et la synchronisation inter-armes est défaillante. De plus, le timing extrêmement précis et serré se révèle quasiment impossible à respecter.
De cet exercice peu concluant personne ne tire les conclusions, à savoir qu'une telle opération doit ménager des solutions de repli et d'initiatives de groupe si un retard ou un imprévu survient, ce qui est inévitable. Et le plus important, il n'y a pas de commandant unique pour coordonner les trois armes. Toutefois, l'opération est maintenue.
L'aviation n'a pas participé à ces manœuvres. On revêt le nez des appareils de bandes blanches, surtout destinées à la reconnaissance par la DCA des navires, comme ici sur le Spitfire du Cdt Dupérier, patron du 340 Sq.Ile de France. Ces marques seront appelées bien plus tard "les bandes de Dieppe".

Notez au passage l'insigne personnel dessiné par Walt Disney himself en souvenir de sa participation à la 1ère guerre sur le sol français.
Churchill, quant à lui, s'inquiète de savoir si, au vu du résultat douteux des manœuvres, on peut réellement envisager un succès. Mountbatten est pour sa part plutôt nuancé dans sa réponse, tandis que Brooke, chef d'état-major et Hughes-Hallet (marine) font valoir que les hommes sont prêts et que si l'on veut entreprendre des offensives décisives, cette opération est indispensable.
Les 2 et 3 juillet, les troupes embarquent sur plus de 200 navires, pour un nouvel exercice baptisé "Klondike I". Dès que l'embarquement fut terminé, les officiers apprennent à leurs hommes qu'en fait ils partent pour le raid. L'enthousiasme est général. Mountbatten et Roberts visitent chaque navire pour saluer les soldats:
 IWM
Robertsinstalle son poste de commandement à bord du destroyer HMS Calpe. Et l'on attend... Au matin, on attend toujours et pour cause: la météo s'est détériorée, les parachutistes et les planeurs ne peuvent prendre l'air. Et on se remet à attendre; le 8 une amélioration est annoncée. On modifie le plan: l'opération se passera sur 2 marées. Le 7 les hommes toujours à bord commencent à grogner. On réduit encore la durée, une marée. La Luftwaffe n'a pas manqué de repérer la concentration de navires et 4 bombardiers touchent 2 LSI, ne faisant heureusement que quelques blessés légers. Mais les 2 transports ne peuvent être remplacés.
Le 8 juillet, l'Opération Rutter est abandonnée. Montgomery paraît heureux de voir abandonné ce projet si incertain. Le lendemain, les troupes déçues regagnent leurs différentes bases. Sur les avions, on efface les bandes blanches. Les Canadiens espèrent que ce n'est que partie remise. Sous peu, ils vont voir leur espoir devenir une cruelle réalité...Jubilee les attend.
A+ Amicalement  | |
|  | | stef Aspirant


Localisation : haute normandie Navire préféré : corvette flower
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Sam 12 Fév 2011, 23:21 | |
| merci ad hoc pour tes superbes talents de narrations qui s averent etre tres juste! la photo qui est mise sur dieppe doit etre du pres du pont colbert!j en suis sur il m interpelle le petit batiment existe encore!!! des que je peux je prend les photos en l etat actuel j y vais cette semaine!! encore un grand merci a toi amicalement stef | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | didier Elève officier


Localisation : Bruxelles - Watermael Boitsfort Navire préféré : Mercator
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Dim 13 Fév 2011, 20:26 | |
| Excellente mise en atmosphère Ad Hoc - on attend la suite avec impatience... Le commentaire de Roger Keyes que j'ai cité l'autre jour visait-elle penses-tu Mountbatten qui lui avait succédé pour ce type d'opérations ? _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Lun 14 Fév 2011, 15:52 | |
| merci Ad'hoc pour ce récit très intéressant et aussi pour ses photos vivement la suite |
|  | | Christian Le Normand Lieutenant de Vaisseau

Localisation : Hérouville-Calvados-Normandie-France-Europe
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mar 15 Fév 2011, 12:32 | |
| - didier a écrit:
- Le commentaire de Roger Keyes que j'ai cité l'autre jour visait-elle penses-tu Mountbatten qui lui avait succédé pour ce type d'opérations ?
Elément de réponse Les remarques de Keyes visaient un peu tout le monde ; malgré ses grades, fonctions et titres, il était réputé quelque peu "parano". Très introduit auprès de la cour royale et de Churchill, il avait conservé un prestige certain bien que son fait d'armes le plus célèbre, le blocage du port de Zeebruges en 1918 ait été un demi-échec coûteux. Mais, dans un mélange des genres de sa personnalité, il élaborait des plans fantaisistes et passait beaucoup de temps à se plandre que ses collègues et entourage cherchait à lui nuire en l'empêchant de mener des opérations qui auraient permis de gagner le guerre au plus vite. Il avait fini par lasser Churchill qui l'avait mis dans un "placard doré" et remplacé par Mountbatten ; il est probable que Keyes ait eu une dent supplémentaire contre Mountbatten. | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | |  | | olnejean Maître principal


Localisation : Sendrogne, (Dépt de l'Ourthe)
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mar 15 Fév 2011, 14:39 | |
| Il avait déjà une position difficile depuis tout un temps, il était un peu considéré comme "un vieux gaga". Peut-être l'était-il, d'ailleurs ! Combien de fois ai-je lu des propos pas trop chaleureux à son égard ! | |
|  | | didier Elève officier


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 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mar 15 Fév 2011, 18:28 | |
| Merci Christian (Le Normand), Ad'Hoc , Olnejean pour ce commentaire sur Keyes qui m'aide à mieux situer l'évolution du personnage qui s'était fait remarquer pendant la guerre des boxers en Chine par ses coups de main façon commando quand l'époque n'était pas habituée à ce type de guerre...
Zeebruges fut un coup de main quand même pas mal réussi car à ce moment la victoire n'était pas du tout assurée et les SM (sous-marins pas sado-maso, quoique ...) allemands faisaient bcp de mal. L'opération permit de freiner leur agressivité. C'est Ostende qui fut un bide avec le HMS Vindictive mal placé.
Mais je me mets "hors sujet" . A l'occasion j'ouvrirais bien un post "raids Zeebruges et Ostende 1918"... _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mar 15 Fév 2011, 18:42 | |
| N'hésite pas didier j'aimerai bien que tu ouvres un sujet Zeebruges et Ostende 1918 c'est toujours intéressant et j'aime bien cette époque |
|  | | didier Elève officier


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 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mar 15 Fév 2011, 19:02 | |
| Je note et je vais essayer de vous faire cela . J'ai justement un bon bouquin de la collection Battleground (éditeur Pen & Sword) en langage d'Outre manche sur le sujet. Enfant j'ai souvent été à Ostende où à deux pas de mon Mercator-bien-aimé se trouve la proue du HMS Vindictive. L'histoire de ces hommes des Royal Marines mérite d'être racontée.
Je vous prépare cela ... _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo !
Dernière édition par didier le Mar 15 Fév 2011, 21:00, édité 1 fois | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mar 15 Fév 2011, 19:08 | |
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|  | | olnejean Maître principal


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 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mar 15 Fév 2011, 22:16 | |
| Bonne idée, Didier. Autre sujet intéressant: la tragédie du Léopoldville. Veille de Noël 1944. Le vieux Léopoldville fait passer la Manche à 2233 soldats US en renfort pour la Bataille des Ardennes. Un sous-marin allemand torpille le bâtiment pas loin de Cherbourg. Dans la pagaille qui s'ensuit, tout l'équipage belge et les marins britanniques se sauvent dans les quelques canots disponibles, laissant les Américains à leur triste sort. Bilan 822 morts. L'affaire a été étouffée à l'époque... Je crois qu'il y a de la documentation sur le web.
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|  | | didier Elève officier


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 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mar 15 Fév 2011, 23:03 | |
| Je ne connaissais pas cette histoire ... _________________ Sévissant aussi sur ce forum sous les alias de "Desiderius", "le sous-marinier belge"  ou encore "l'ophtalmo sadique" :twisted: Prétendu descendant d'un volontaire du 7ème (*) rgt de Hussards de Napoléon  Puissent tous les hommes se souvenir qu'ils sont frères (Voltaire)  (*) pourquoi le 7ème ? Pardi c'est le seul à s'être battu à Waterloo ! | |
|  | | olnejean Maître principal


Localisation : Sendrogne, (Dépt de l'Ourthe)
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 16 Fév 2011, 07:49 | |
| Je vais rassembler tout ce que je peux trouver. L'affaire avait été étouffée, les gouvernements belge, anglais et américain n'avaient aucune raison d'être fiers ... | |
|  | | AD'HOC Bagnard Banni
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 16 Fév 2011, 18:39 | |
| Bien le bonjour à tous,
Merci également pour vos interventions! Bonne idée Didier et Olnejean que d'ouvrir un sujet sur ces évènements mal, voire pas du tout connus.
Revenons à ce mois de juillet 1942. Le plan Rutter a donc été abandonné. Or dès le lendemain, le C.O.Hq se réunit à nouveau pour relancer le projet, avec le même objectif: Dieppe. Montgomery en tombe des nues. Des réunions ont lieu les 12 et 14; le principe d'une nouvelle opération baptisée "Jubilee" est adopté. Approuvé par Churchill et l'Etat-Major Canadien, le raid aura lieu en août.
Pour comprendre la reprise d'un projet qui va à l'encontre de toute logique militaire, rappelons que, pendant la durée de Rutter, la guerre continue et divers évènements graves ont lieu sur tous les fronts, nécessitant une coopération militaire des Alliés.
Dans le Pacifique, l'US Navy arrive à stopper l'élan japonais. Au cours de la bataille de la Mer de Corail, le porte-avions Shoho est coulé:

Mais l'USS Lexington ("Lady Lex") subit de lourds dommages; évacué, il est torpillé pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi:

Cette bataille qui a duré 4 jours (du 4 au 8 mai) montre aux Japonais que l'initiative ne leur appartient plus. Quelques semaines plus tard, au début de juin, à Midway, seconde base d'importance après Pearl Harbor, si les Aichi Val mettent à mal le Yorktown,


les avions-torpilleurs

et les bombardiers américains coulent 4 porte-avions japonais dont le Hiryu:

Désormais les Japonais vont se trouver obligés à une stratégie navale défensive. Néanmoins, cela ne les empêche pas de finir la conquête de la Birmanie, des Indes Néerlandaises et de débarquer aux Iles Aléoutiennes. Pour les USA, même s'ils souhaitent vivement l'ouverture d'un 2ème front, il est évident qu'ils vont devoir consacrer une grosse partie de l'effort de guerre aux opérations du Pacifique.
Sur le front Est les combats ont repris avec une violence accrue. Dès le 15 mai la péninsule de Kertch est envahie. Le 28, Von Paulus neutralise Kharkov:

Le port-forteresse de Sébastopol, assiégé depuis novembre 1941, finit par tomber aux mains des Allemands et des Roumains le 4 juillet après une bataille d'un mois menée avec la plus extrême férocité.

Dans les ruines causées par les bombardements massifs, c'est au lance-flamme, à l'arme blanche que l'on se bat sans pitié; même des enfants, seuls capables de se glisser entre les décombres, font le coup de feu. Les tireurs d'élite sont partout, comme Ludmilla Pavitchenko

dont le charme ravageur fait 309 victimes.
Les Allemands qui voulaient s'emparer d'un port intact remportent un champ de ruines.
 B.A
La statue même de Staline en perd la tête:

Pour comprendre la férocité de ces combats, il faut considérer que nous sommes en présence de deux dictateurs sanguinaires. Les soldats russes n'ont qu'une alternative: espérer vivre ou mourir, d'autant que Staline a pris le soin de nommer dans chaque unité des "commissaires politiques" qui ont pour tâche d'endoctriner les combattants mais surtout d'abattre ceux dont le "courage" viendrait à flancher.
De l'autre côté, des unités de la Wehrmacht, pas très politisées, surtout depuis la saignée de l'année précédente, mais côtoyant des Waffen S.S. souvent fanatiques, avec à l'arrière, les sections spéciales de la "police" de Himmler qui ont les mains libres pour exterminer Juifs et partisans réels ou supposés, mais aussi, selon l'ordre d'Hitler, d'exécuter les "défaitistes".
L'idéologie nazie, qui considère les Slaves comme des sous-hommes, associée au fait que Staline n'a pas signé les conventions de Genève, ne peut que produire la pire sauvagerie.
Le 26 mai 1942, Molotov et Churchill signent un traité d'alliance anglo-soviétique. Molotov, lors de ses précédentes démarches, avait laissé planer le spectre d'une paix séparée. Mais en ces quelques mois, Staline ne peut plus y croire d'autant que son allié d'autrefois menace maintenant "sa" ville, Stalingrad, port fluvial sur la Volga, où sont fabriqués une partie des T-34.
Sur le front africain, malgré la résistance opposée par les Franco-Britanniques à Bir-Hakeim, du 27 mai au 11 juin,

 Collection personnelle
Rommel prend Tobrouk le 20 juin et fonce vers le canal de Suez.
 IWM
Devant les succès de l'Axe, l'opinion britannique, mais surtout le Parlement, commence à douter des capacités de Churchill à mener la guerre.
Fin juin se tient la 2ème Conférence de Washigton. Le 26, l'ouverture du 2ème front par un débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942 est entérinée; le plan Gymnast devient Opération Torch.
Pour ajouter aux tourments de Churchill, les convois qui, depuis août 1941, approvisionnent l'URSS en avions, véhicules, munitions, matières premières et autres, sont de plus en plus menacés. Les PQ-15 et 16 ont connus des pertes mais le PQ-17 est en train de se faire massacrer.


 B.A
Pour comble, Staline a reconnu le général De Gaulle comme représentant légitime de la France; des pilotes français vont partir combattre en Russie. Comme Marcel Albert, vu ici dans son Spit marqué des bandes de Rutter,

Il va participer à Jubilee puis partira à l'automne en Russie pour constituer avec quelques autres le noyau du futur "Normandie-Niémen".
Les Français, justement, comme les habitants de tous les pays occupés, espèrent une action qui mettraient fin à la misère qui s'installe. Le pays est pillé au profit de l'Allemagne et des armées du front russe. Les persécutions contre les Juifs s'amplifient.
Dans ce contexte de folie meurtrière, Churchill doit offrir quelque chose aux Russes et à son opinion publique. Ce quelque chose va s'appeler "Opération Jubilee".
A+ Amicalement 
Dernière édition par AD'HOC le Mer 16 Fév 2011, 20:18, édité 1 fois | |
|  | | jeanbauduen Capitaine de Vaisseau


Localisation : bauduen Navire préféré : bismark uss enterprise cv6 hood
 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 16 Fév 2011, 18:45 | |
| Bonsoir récit très instructifs merci bonne continuation amitiés | |
|  | | Invité Invité

 | Sujet: Re: Débarquement à DIEPPE... Mer 16 Fév 2011, 19:08 | |
| très bonne rétrospective de cette période et toujours de belles photos pour la plupart originales en tout cas c'est très intéressant |
|  | | | Débarquement à DIEPPE... | |
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