Mission ARTEMIS - Toujours plus gros

Bonjour,

Le mois prochain la NASA va transporter son nouveau lanceur "super lourd" depuis le bâtiment d'assemblage VAB du Kennedy Space Center vers le pas de tir 39B en prévision de la première mission du programme Artemis.

L'énorme lanceur dans le VAB :



Cette fois on renoue avec les tailles gigantesques. Le lanceur SLS est presque aussi gros que la vénérable Saturn V du programme Apollo. Sa version cargo (Block 2) est même plus grande :



La manutention du lanceur rappelle celle de la Saturn V il y a un peu plus d'un demi siècle. Ici une vue de synthèse de l'ensemble sur le pas de tir :



Retour dans la démesure... Bon courage aux maquettistes qui vont devoir trouver de la place dans leur vitrine :





Le pas de tir 39B fut inauguré avec le lancement d'Apollo 10, puis fut adapté pour les lancements des Saturn IB du programme Skylab. Il fut modifié plus tard pour les tirs de la Navette Spatiale, sa première utilisation étant... pour le vol fatidique de Challenger. Reconverti encore une fois pour le programme (annulé) Ares il est maintenant affecté au programme Artemis.

Le programme Artemis vise au retour des astronautes sur la Lune dans cette décennie. La première mission prévue l'été prochain vise à envoyer une capsule Orion inhabitée sur une orbite rétrograde autour de la Lune et retour dans le Pacifique.

Ici une animation de la NASA décrivant la mission Artemis 1 à venir :

https://www.youtube.com/watch?v=XcPtQYalkcs&t=519s

_Bruno

Ou comment recycler les composants de la navette (propulseurs d'appoint, réservoir de la navette, moteurs-fusées SSME/RS-25) !
Les perfos sont quand même impressionnantes, comparées à Ariane 6 :
Charge utile sur orbite basse :
SLS bloc 1 = 95 t (bloc 2 = 130 t)
Ariane A62 = 10,35 t (A64 = 21,65 t)
Maintenant il faut voir les coûts évidemment ...

Pierre66 a écrit:

Maintenant il faut voir les coûts évidemment ...

Pour les coûts on est aussi dans la démesure, le gros délire. Coût estimé du premier lancement prototype avec étude : 2 milliards de $ !
Si le projet Starship de SpaceX fonctionne, les cartes vont être rebattues et le SLS rejoindra le cimetière des éléphants, avec Saturn, N1 et Ares.
Encore faut-il que ça fonctionne...

Affaire à suivre donc !

Pierre66 a écrit:

Affaire à suivre donc !

En effet : il y a deux ans Trump avait mis une pression maximale sur la NASA pour que le programme soit accéléré et que le retour des américains sur la Lune se fasse avant celui des chinois, prévu pour 2024-25. Même au risque.. de prendre de gros risques en accélérant la mise au point. Je me souviens d'un discours où il avait fait la leçon en direct à l'administrateur de la NASA, l'humiliant en le menaçant de représailles budgétaires en cas d'échec.
Avec l'administration Biden, le programme a ralenti et le premier lancement a déjà glissé de six mois... Le spectre des deux catastrophes avec les navettes plane toujours. Entretemps SpaceX progresse avec son Starship et devient menaçant, surtout depuis qu'ils ont décroché le contrat pour le vaisseau qui fera la liaison entre la future station orbitale lunaire Gateway (en cours d'assemblage) et la surface de la Lune.

_Bruno

Toute cette compétition, c'est génial et très excitant !

Bonjour Maître Bruno,
Dans ce documentaire de la NASA (merci pour le lien) il est question d'orbite rétrograde.
Pour quelle raison ?...Quelle finalité ?

Bonjour Maître Jeannot,

La mission Artemis 1 verra pour la première fois l'utilisation d'une orbite rétrograde distante (Distant Retrograde Orbit, DRO) autour de la Lune par un vaisseau spatial.

Source : Wikipedia anglais
"Une orbite rétrograde distante (DRO), telle qu'on la conçoit le plus souvent, est une orbite d'un vaisseau spatial autour d'une lune qui est très stable en raison de ses interactions avec deux points de Lagrange (L1 et L2) du système planète-lune.

En termes plus généraux, un objet de masse négligeable peut se trouver en DRO autour du plus petit corps de n'importe quel système à deux corps, ici Terre-Lune.

Si l'on prend l'exemple d'un engin spatial en DRO autour d'une lune, l'engin orbiterait dans la direction opposée à celle dans laquelle la lune tourne autour de la planète. L'orbite est "distante" dans le sens où elle passe au-dessus des points de Lagrange, plutôt que d'être proche de la lune.



Deux exigences système pour la future station orbitale lunaire Gateway de la  NASA mentionnent l'utilisation de DRO lunaires.
1) Single Orbit Transfer, stipule que "Gateway doit être capable d'effectuer un transfert aller-retour unique vers l'orbite rétrograde distante (DRO) dans un délai de 11 mois."
2) Capacité du système de propulsion, stipule que "Gateway doit fournir une capacité de carburant permettant d'effectuer un minimum de deux transferts aller-retour sans équipage vers une orbite cislunaire à faible énergie entre une orbite de halo quasi rectiligne (NRHO) et une orbite rétrograde distante (DRO) et de maintenir l'orbite pendant une période de 15 ans entre les ravitaillements."

Pour ceux qui ne maitrisent pas bien le serbo-croate , en clair, cela signifie que l'orbite rétrograde est prévue pour la Gateway car plus stable et présentant des avantages pour les trajectoires Gateway-Lune et retour. La capsule Orion doit donc expérimenter cette option, théorisée depuis des années mais jamais encore appliquée.
Au passage : revoilà nos points de Lagrange abondamment cités pour la mission du JWST.

Et il ne faut pas perdre de vue que les futures missions sur la Lune de 2024-2025 auront pour objectif de se poser au pôle Sud de notre satellite, alors que les six missions Apollo avaient des points d'alunissages situés de part et d'autre de l'équateur et sur la face visible. Ce sont des trajectoires différentes.

_Bruno