Après mûre réflexion j'en suis arrivé à la conclusion que de faire ses propres cordages était l'unique solution, surtout pour une grosse bête avec des diamètres pouvant atteindre 3mm.
Mon choix s'est porté sur ce qu'il y a de plus simple, dont je comprends le fonctionnement, que je puisse soit construire soit au minimum réparer et qui ne prenne pas beaucoup de place.
Je dois dire que certaines machines m'ont fait beaucoup rire me rappelant cette blague entendue dans (l'excellente) série sur Tchernobyl : qu'est ce pèse 10 tonnes, consomme 100 litres à l'heure et coupe les patates en 3 ? Une machine soviétique à couper les patates en 4 !
Comme le fait de faire uniquement longueurs fixes ne me dérangeait pas (après tout les cordes de l'époque étaient faites comme ça) j'ai opté pour la machine de Syren (en plus le fait qu'elle serve à fabriquer leurs cordages est un gage de fiabilité). Restait à la fabriquer ou la commander. Si la fabrication ne semblait pas insurmontable tant le principe est simple, je me suis dit que j'allais gaspiller pas mal de temps à trouver tous les petites bidules, à faire des petites commandes de ci de là et que finalement l'affaire valait bien 99$.
Chuck et les postes US ont fait diligence et la machine est arrivée hier, avec tant qu'à faire la machine à fourrer.
Je vous fait un rapport complet de mes essais, ça peut intéresser certains modélistes.
Dans un premier temps il faut entortiller le fil sur lui même. Un bout de la machine est donc fixé avec un serre joint et on empêche son disque de tourner (un clou est prévu, mais pour ne pas l'oublier je préfère une gosse pince)
A l'autre bout un engrenage va permettre aux 3 torons de tourner de conserve (ou de concert, les deux se disent parait-il, mais conserve est plus maritime)
Pour que les 3 fils aient la même tension, je mets le même contre poids et je marque le fil au feutre pour connaitre le niveau où il faut faire l'attache.
Voilà, les 3 fils ont une tension identique, on recule un peu le système car les poids sont un peu léger pour tendre 2m et on coupe ce qui dépasse pour pas que ca se prenne dans les engrenage comme à mon premier essai.
Le système est maintenant en place, on va enlever le serre joint et tourner la vis avec le tourne vis électrique pour que chaque fil s'entortille sur lui même.
Je ne peux pas le montrer en photo, mais en tournant le socle avance doucement et il faut maintenir la tension constante avec l'autre main. C'est franchement facile, même si ca se détend un peu, on arrête, on retend et ça n'a pas d'incidence.
Une fois le fil entortillé (si on entortille trop ca commence à partir en vrille par endroit, ce qui est le signe que ca va casser. C'est ce qui s'est passé à mon premier essai. J'ai l'impression que trop entortiller n'est pas utile)
On va passer à la seconde phase qui va consister à libérer l'énergie due à l'entortillement en commettant les 3 fils ensemble. Au final l'énergie sera dissipée et les 3 fils resteront commis sans vouloir se défaire.
On libère la pince et on tourne l'autre disque dans l'autre sens. Les 3 torons commencent à se commettre en libérant leur énergie.
La encore il faut garder le fil tendu avec l'autre main, mais ce n'est pas compliqué.
On tourne jusqu'à ce que les torons aient l'inclinaison souhaitée (trop tourner donne en fait un cordage trop rigide).
Il suffit de couper et c'est prêt à l'emploi (même pas la peine d'encoller un peu). On peut en profiter pour cirer le fil si vraiment on ne veut pas de poil.
Mon bureau est petit mais j'ai une excellente piste de cordage sur la terrasse
J'ai pu faire un cordage de 4m sans problème, je dois pouvoir aller à 6m sans problème.
Et voilà le résultat sur pied avec l'estrope de la poulie en 0.7mm (3 torons de 0.4) et l'écoute de grand voile en 0.9mm (3 torons de 0.55) mise en place avant la pose de la dunette qui rendra le taquet inaccessible.
La teinte n'est plus au café mais au brou de noix.
Au final je suis ravi de mon acquisition dont l'utilisation est beaucoup plus facile que je ne le pensais. Le seul bémol est qu'il n'est pas facile de passer de 3 torons à 4 (il faut changer de disque et je n'ai qu'une confiance relative dans le mécanisme de serrage qui est du genre au moins on y touche au plus ca dure) alors qu'il aurait été possible de mettre les 7 accroches sur le même disque.
Il n'est apparemment pas possible de mettre une âme (encore que en tendant le fil de fer au milieu lors du commettage...) mais pour le moment ca ne me dérange pas.
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Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1780 n’a pas connu le plaisir de vivre.