Goélette navigante [RC 9 voies 1/25°] de PERRIN Michel

Goélette utilisée au début du siècle dernier pour la pêche sur les bancs de Terre Neuve et en Islande.

J'aime la ligne élégante et le gréement de ces bateaux de travail et j'ai une estime toute particulière pour ces gens de la Mer qui ont tant donné. 
Un joli petit site évoque leur histoire à travers une belle randonnée : http://marzina.free.fr/dept22/l/l220223.html

Deux bonnes raisons pour un « coup de cœur ».

Bien le bonjour 

ça a l'air d'avoir été un sacré chantier de construction 

meme retrospectivement n'hesite pas a nous en faire connaitre plus de sa construction des problème rencontrés et des solutions apportées 

et c'est un montage de type peut courant meme sur la Royale  une goelette RC

Démat

Tu nous mets l'eau à la bouche!! Noue attendons le déroulement du montage

Bonjour Bromure, Bonjour Miel, Bonjour à tous

Vu votre enthousiasme, je vais essayer d'être complet sans être ennuyeux ! nouveau défi !
Le projet :
Le projet est donc la construction d'une Goélette armée pour la grande pêche,

• navigante, un maximum de voiles commandées à distance,
  
• une silhouette aussi proche que possible de ce que pouvait être la réalité de l'époque,
  
• et qui puisse naviguer en mer par « gros temps » si besoin.
  

La présentation de ce chantier pourrait être :

• 1/ Construction d'une base solide : coque et pont
  
• 2/ Mise en place de la propulsion : radio commande, moteur, mâture, voiles, 
  
• 3/ Les essais 
  

1/ construction de la coque et du pont

Un gabarit préliminaire :
Pour me mettre en situation j'ai commencé par construire un gabarit, certes grossier, mais qui devait m'aider à poser le problème :

Les contraintes :

On imagine le nombre de commandes minimum mais nécessaire pour régler les voiles :
- 2 commandes pour gérer les Focs (ils fonctionneront ensemble) : Les manœuvres des focs doivent être indépendantes de celles des autres voiles car on sait qu'un voilier manœuvre essentiellement avec ses voiles : on en borde certaines tandis qu'on en choque d'autres pour virer de bord (d'ailleurs peu de bâtiment de pêche du début du siècle dernier avaient un moteur pour s'aider à virer). Hisser/affaler = 1 commande et Border/Choquer = 1 commande. En outre cette dernière devra aider les focs à passer d'un bord sur l'autre.
- 1 commande pour le Hunier - Hisser/affaler - suffit : L'orientation correcte qui évite de passer à contre peut être obtenue automatiquement par connexion avec la grand'voile.
- 1 commande pour la misaine -Hisser/Affaler-
- 1 commande pour la grand'voile – Hisser/Affaler -
- 1 commande pour l'orientation conjointe - choquer/border - de la misaine et de la grand'voile. Évidemment des commandes séparées seraient préférables en cas de virement de bord !
- 1 commande pour Hisser/affaler les flèches de misaine et de grand'voile (leur orientation est liée à celle des voiles et ne nécessite pas de commande pour choquer/border).
Cela fait 7 commandes donc 7 treuils et 7 voies aux quelles il faut ajouter 1 voie pour le gouvernail et 1 voie pour le moteur. Au Total 9 voies. Il me faudra au minimum une RC 9 voies ! (Plus serait encore mieux mais il faut savoir se limiter en volume et en coût (un treuil suffisamment puissant vaut 105 € chez EuroModel)).

Structure du pont :

Les treuils sont constitués de 2 flasques d'enroulement des brins de commandes montées sur un moteur. Un brin s'enroule lorsque l'autre se déroule (Border/choquer ou hisser/affaler). Ils exigent que ces brins soient toujours en tension pour éviter qu'ils ne sortent des gorges.
Il existe plusieurs schémas de montage généralement avec des élastiques, Les treuils sont souvent sur les ponts, donc visibles, ce n'est pas esthétique. Je veux les cacher et faire en sorte qu'ils soient fiables en utilisation et facilement manipulables lors de la construction et des mises au point. Je ne peux pas les fixer au fond de la coque, ça compliquerait les liaisons avec la mâture.
Je décide de les organiser en ligne sous le pont et solidaires d'un pont amovible  de sorte que treuils, pont et mâture ne fasse qu'un et que je puisse lier les uns et les autres sans devoir les déconnecter et les reconnecter à tout moment. Du coup c'est le pont tout entier qui sera la pièce maîtresse :
- Il portera la mâture et les éléments d’accastillage,
- Il supportera la « machine à commandes » : les treuils, les départs des commandes, les tendeurs,
- Il ne sera assemblé à la coque avec des joints étanches qu'au dernier moment,
Seuls le servo gouvernail et le moteur seront solidaires de la coque.

La « machine à commande » :

 Ce schéma de principe de la « machine à commandes » a largement évolué par la suite.

 Sa dimension : Si on dispose les treuils les uns à la suite des autres dans le sens de la longueur du pont, - comme sur la photo suivante – ils leur faut près de 30 cm auxquels on ajoute les 56 cm des lignes de traction (enroulement/déroulement maxi des treuils) sur lesquelles seront fixées les extrémités des commandes, on arrive à 90 cm.
Fiabilité : Je n'avais pas le choix, seule une « machine de commandes » parfaitement organisée et cohérente, c'est à dire gérant toutes les lignes de la même façon me paraissait susceptible d'éviter les embrouilles et les nœuds. Les pêcheurs savent de quoi je parle. Ici il ne s'agit pas d'une seule ligne mais d'une vingtaine qui s'enrouleront quand d'autres se dérouleront.

 
Dimension interne de la coque :

Il faut donc pouvoir caser une machine de 90 cm de long sur une quinzaine de large et une dizaine d'épaisseur, sous le pont, dans l'espace de la coque.
Tout ceci pour en arriver à l'échelle et aux plans !

La monographie de l’Étoile par l'AAMM :

Je disposais de la monographie et des plans de l’Étoile au 1/50ème édités par l'Association des Amis du Musée de la Marine :
« La goélette Étoile, comme sa similaire la Belle-Poule, construite également à Fécamp en 1932, est la réplique des goélettes paimpolaises bien connues, qui allaient pêcher la morue sur les côtes d'Islande jusqu'en, 1938. La campagne durait sept mois dans des parages où les dépressions sont fréquentes, c'est dire que ces bateaux pouvaient essuyer tous les temps ; c'est la raison qui les a fait fait choisir pour l’École Navale, car les sorties des annexes, prévues longtemps à l'avance dans le cadre du programme, doivent s'effectuer quel que soit le temps. Les goélettes ont été pourvues d'un faible moteur de 125 ch pour leur permettre de rallier le port en cas de calme ou de vent contraire et ne pas faire subir aux élèves une perte de temps incompatible avec les programmes d'instruction, toujours très chargés. »
« Ce sont des bateaux lourds (245 tonnes) ... »
« Longueur du bâtiment hors tout 32,35m
« Longueur entre proue et poupe (flottaison) 25,30m
« Largeur 7,10m
« Déplacement 214 tonneaux
« Tirant d'eau moyen 2,10m
« Moteur Sulzer 125ch
« Vitesse 6 nœuds
« Surface totale de voilure 424,62m²
« Surface de la voilure sans le hunier 370,60m²

L'échelle des plans est le 1/50e, ce qui donne une longueur entre poupe et proue de 50,60 cm à la flottaison (environ 60cm au pont) et une largeur au maître baud de 14,20 cm pour la maquette finale.
C'est trop petit pour ce que je veux faire.

Échelle retenue :

Si on choisit de doubler les dimensions soit une échelle de 2/50 = 1/25^e, cela donne une longueur entre p.p. de 101 cm et une largeur au maître baud de 28 cm à la flottaison. La longueur sous le pont passe à près de 115 cm mais évidemment les extrémités sont inexploitables.
Le 1/25e devrait suffire, il faudra « faire avec » d'autant que plus grand poserait des difficultés de transport, de stockage, etc...
J'ajusterai ma « machine à commandes » au mieux de la place disponible sous le pont.

Les plans :

 Il faut redessiner entièrement les plans à la nouvelle échelle, c'est un travail long et minutieux.

Passons de la théorie à la pratique : la construction.


La Résine :




Pendant toute la construction j'ai utilisé une résine Epoxy aussi bien pour assembler que pour enduire toutes les parties susceptible de toucher ou prendre l'eau. (Chez SOCOMIN : résine SR5550 et durcisseur SD5503 à 29 %). Cette résine supporte parfaitement d'être peinte lors des finitions.
Le mélange doit être aussi précis que possible sinon ça ne durcit pas complètement. A manipuler à l'air libre ou avec un masque adéquate. Compter une nuit pour un séchage complet.
J'ai utilisé une petite bascule sensible au 2/10ème de gramme, c'est à mon avis ce qu'il faut pour les petits collages et donc les petites quantités. (Smart Weigh – Digital Pocket Scale - SWS1kg). Prévoir une collection de pinceaux jetables.

Salut l'Ancien, heureux de te retrouver.
Je me souviens de tes conseils toujours précieux pour mon Golden Hind et mon Hermione.

A partir de maintenant je passe à la réalisation pratique. 
Ce fut des moments intéressants.
Je vais essayer de les partager avec la Royale ... on verra si j'y arrive mais j'attendrai toujours tous vos commentaires avec intérêt.

La quille :

C'est du CP 10 mm hydrofuge.
Elle supporte une barre de fer de 10x10 collée/vissée et sur laquelle sera vissé un lest supplémentaire pour le gros temps.

Les membrures :




Les membrures avant collage. 
Le fil tendu au centre de la cale correspond à la ligne de flottaison. C'est le lien avec le plan : Toutes les pages du plan de la coque y font référence.

Bonjour Papylolo,  Rebonjour l'Ancien, je répond à ta question :

L'Etoile et la Belle poule sont motorisées. J'ai emboîté le pas sans trop me poser de question !

Mais ta question, l'Ancien, est judicieuse, d'ailleurs je pense (à vérifier) que les bateaux de ce type ne l'étaient pas.

En réalité, dès le début, mon objectif était de découvrir la RC moderne et le pilotage des ces "vieux gréements" à l'aide des voiles seules. Ces voiles devaient donc être aussi indépendantes que possible les unes des autres, d'où le nombre de treuils et de voies radio. Le moteur n'étant là que pour revenir à la côte en cas de problème.

J'ai fait les premiers essais le mois dernier sur la côte nord de la Bretagne, j'y retourne dans quelques jours et je compte faire des vidéos que je posterai sur la Royale -tu me diras comment-.
Tout marche à peu près bien, je viens d'ajouter les deux flèches de misaine et grand'voile. A tester !

Le pilotage, c'est une nouvelle aventure ! passionnante mais pas facile au début du moins.
On dit que l'aventure forme la jeunesse, et la vieillesse ?

Bien à vous deux

Le Pont :

Le pont sera donc composé de deux niveaux : le pont fixe, solidaire des couples, et le pont mobile qui portera la mature, les cabines et supportera la « machine à commandes ».
Le pont fixe suit la tonture des couples mais n'a pas de bouge, il est plat dans le sens de la largeur.
Le pont mobile aura tonture et bouge.

Le pont fixe :  juste posé sur les couples : C'est une simple plaque de CP de 5 mm qui liera les couples et le pavois. 
Ici, on s'affranchi totalement du plan d'origine.




Le pont fixe et le pavois assemblés sur la membrure :

A ce niveau de la construction de la coque, je décide de retarder la pose des virures pour garder une vue sur l'intérieur de la coque lorsque j'installerai la "machine à commande" fixée sous le pont mobile.
A suivre : le "pont mobile"

Bien le bonjour 

je viens de lire ton post tres bien ta demarche et ta methode 
un modele du genre 

ta methode pour determiner la taille est judicieuse

Manœuvres courantes et gaines :

Les « manœuvres courantes » « sont des cordages ou filins qui servent à régler la voilure » (Glossaire de la Marine)
Ils doivent ici :
1/ être souples et lisses pour glisser facilement dans les différents supports,
2/ être aussi peu élastiques que possible pour permettre les réglages efficaces des treuils,
3/ ne pas vriller (ça élimine tous les cordons, torsades, ... en coton en particulier),
4/ être fins et discrets tandis que d'autres, postiches et fixes mais bien visibles, seront frappé aux différents râteliers et leurs cabillots,
5/ avoir un « cheminement » de longueur fixe sous tension, cheminement qui devra traverser le pont
et éviter tout chevauchement avec un câble voisin (un jour ou l'autre ça coincera et on n'a pas de matelot sur place pour démêler l'affaire).
Après bien des essais j'ai opté pour du fil de pêche. Celui que j'utilise le plus est le fil rose ci-dessous ; inconvénient : il glisse tellement bien qu'il faut une bonne demi douzaine de nœuds l'un sur l'autre pour raccorder ses extrémités. D'autres fils ont d'autres qualités.
Les gaines : Pour traverser le pont et présenter correctement les « manœuvres courantes » face aux lignes de force des treuils, j'ai utilisé des gaines thermos-formables de diamètre intérieur 1 ou 2 mm. Ce sont des gaines d'un mètre qui se travaillent facilement (un coup à prendre) à l'air chaud. J'ai souvent fabriqué des gabarits pour obtenir les formes souhaitées.

Le pont mobile :

J'en ai fabriqué un premier qui devait faire passer les gaines sous le bordé de pont (dans l'espace laissé libre par la bouge entre les planches du bordé de pont et la plaque CP de 5 mm) pour les présenter au bon niveau en dessous, face à la machine à manœuvre. 
Mission impossible que j'ai rapidement abandonnée car elle ne permettait aucune correction ultérieure.



Et j'ai tout recommencé !

Ce pont mobile (supérieur) s’emboîte bien sur le pont fixe, auquel il sera fixé plus tard par des vis.

 Il laisse une gouttière libre d'environ 3 mm tout autour, contre le pavois, ce qui sera suffisant pour laisser écouler l'eau d'une vague un peu forte par les dalots (ou daleaux).

Première ébauche de la « machine à manœuvre » et vérification de son implantation :

Mon inquiétude, depuis le début, était de pouvoir caser les 7 treuils de façon homogène (j'y reviendrai) et de pouvoir y accéder facilement pour tous les raccordements des manœuvres courantes.
Voici une première ébauche de cette « machine à manœuvre » dont j'ai déjà beaucoup parlé. Elle subira bien des modifications, mais ses dimensions – Longueur, Largeur, Hauteur – ne varieront que très peu.



 Elle est fixée sous le pont mobile, vers l'avant car l'espace disponible laissé à l'arrière par le mécanisme du gouvernail n'est pas très haut. Elle passera sous le pont fixe à l'avant.

Voilà, ça passe !
Pour poser le pont mobile sur le fixe il suffit de le faire glisser vers l'avant puis d'encastrer l'arrière contre le pavois.
Pour le déposer, relever l'arrière au dessus du pavois arrière et faire glisser le tout vers l'arrière.
Ça passe et c'est un soulagement après plusieurs mois de travail et d'incertitude.
Mes calculs de la plus juste échelle étaient les bons.
Je vais pouvoir revenir à la coque.

Retour à la coque :

Sur ce chantier, il n'est pas questions des belles virures, bien formées et bien lissées comme celles que l'on voit régulièrement sur nombre de chantiers de ce forum ; il ne s'agit pas d'une maquette d'arsenal destinée à l'exposition, mais d'un bateau navigant, solide et assez lourd.

La coque sera faite de plusieurs couches d'un mélange d'époxy et de fine sciure de bois, couches susceptibles de résister à l'eau et peut-être aux chocs. (J'aurais peut-être pu utiliser de la toile de verre ou de carbone ? Je ne connais pas ces techniques.)

Les virures ne servent donc que de support, elles seront totalement recouvertes. Je n'ai pas fignolé.

Les couches successives : (3 à l'extérieur, 1 à l'intérieur)
- Enduire abondamment d’Époxy,
- Saupoudrer abondamment de sciure fine,
- Tasser en tapotant dessus,
- Laisser sécher 24 heures.

Bien enlever le surplus de sciure et poncer entre chaque couche

160425-1

Terminer par plusieurs couches d’Époxy pure.
Au total 4 couches qui en font une coque très rigide, très solide et assez lourde.
Le poids n'est pas un problème. Plus tard je devrai encore ajouter beaucoup de lest.
  

Voici une étape qui se termine

Beau projet !
Du coup, tes épaisseurs de sciure ne participent pas du tout à la solidité structurelle, éventuellement aux petits chocs, et encore ...

Pat_2b

L'ancien : je me souviens de ton épisode du lac d'Enghien que je connais bien.
Patdxfr : si, la sciure crée du liant et donne de l'épaisseur, au total la coque fait plus de 7 mm (en comptant les virures de bois de 4x4)