Réale de France [Heller 1/75°] de Jean de Poitou

C'est vrai, Rémy. Tant pour sa place dans l'histoire maritime que par sa construction et le vocabulaire qui s'y rapporte, la galère est un domaine hors normes ou beaucoup de passionnés des vieux gréements ne se sentent pas forcément à l'aise. D'ou le grand intérêt de ce topic. Tout le monde y trouve son compte. Les spécialistes des Gris dont tu es, découvrent, les Vieux Gréementeux apprennent ou révisent.

Bonjour l'Ancien
Ne change surtout rien.
Je suis, au contraire, très heureux que ce topic ait permis cet échange entre personnes intéressées par le sujet
Toutes ces "digressions", au demeurant sérieuses mais surtout sympathiques, m'apportent, à moi aussi, beaucoup.
Il ne faut pas croire que je sois un spécialiste des galères et j'apprécie tout particulièrement les intervention de Jean Noël qui me semble, en revanche, être fort "calé" sur la question.
J'ai toujours été, personnellement, fasciné par ce domaine où le génie architectural naval lié à une recherche esthétique extrême côtoient la pire déchéance humaine, qui plus est, organisée.
Les chiourmes étaient composées, entre autres, de protestants ayant refusé de se parjurer mais aussi de faux-sauniers qui avaient tenté de transgresser le système fiscal de la gabelle et je ne peux m'empêcher de penser à ces files (les chaînes) de futurs galériens enchaînés traversant la France à pieds pour rejoindre Marseille.
Ainsi que le montre si bien André Zysberg, les galères, d'où seulement un homme sur deux sortait vivant, étaient avant tout « le plus grand pourrissoir d'hommes de la France ».
J'ai découvert là, un aspect honteux du Grand Siècle !
+

Jean

Bonsoir à tous
Voici, maintenant, les boutasses posées :



Tout cela a besoin d'être correctement décoré.
Je crois me souvenir que le dessous des boutasses est bleu, mais quid de la tranche et des extrémités des baccalas ? Les cordes sont-elles dorées ? Autant de questions auxquelles je vais essayer de trouver une réponse lors de mon prochain voyage à Paris, prévu mercredi prochain, en allant au musée de la Marine, prendre quelques notes et si possible quelques photos exploitables.

En rentrant, je partirai pour la Charente Maritime, du côté de Rochefort, où peut-être j'irai faire un tour sur le chantier de l'Hermione ?... Je vous donne, donc, rendez-vous autour de la Réale, début juin.

Comme il me reste encore quelques jours d'activité en Poitou, je vais en profiter pour faire un bond dans le temps, en quittant le XVIIème siècle pour le XXème. Vous l'aurez deviné, je m'en vais rejoindre le chantier du FRANCE, puisque la dernière livraison vient de me parvenir...
bientôt

Jean

Bien le bonjour Jean,

Ta Réale avance superbement!
Les boutasses sont effectivement bleu.
Quant aux baccalats,à mon avis, ils restent rouge, leur extrémité étant en partie cachée par l'apostis.
On ne peut pas exclure que leur tranche et leur extrémité aient été peintes en bleu.
Tu peux faire un essai à la gouache, le résultat pourrait être assez "classe".
Bon voyage et bonnes photos!

A+
Amicalement

Jean Noël

Toujours aussi beau, Jean.

J'ai lu dans Zysberg, il y a longtemps, que la Justice de l'époque ne se croyait pas obligée de respecter ses propres jugements et qu'il valait mieux être reconnu mauvais rameur. Un criminel pouvait se voir prématurément libéré pour cette raison, alors qu'un condamné à une courte peine pouvait se voir retenu parce qu'il avait un bon coup de rame.

Merci à Jean Noël, Andy et Dominique pour leurs encouragements et leurs contributions.

J'espère pouvoir obtenir quelques photos convenables, mais compte tenu de l'emplacement du modèle, au demeurant magnifique, et l'interdiction d'utiliser le flash ne me laissent que peu d'espoir. La dernière fois, doté d'un Nikon, certes bas de gamme, je n'avais rien obtenu ; cette fois-ci, je serai un peu mieux équipé avec un Lumix...

Il faut que je relise le livre de Zysberg, il m'avait fait découvrir un visage du Grand Siècle qui m'avait laissé rêveur

Quant à la photo de Dominique, je trouve cette décoration blanc et ocre (?) originale et très élégante, et en outre, ayant tapé "Bernard Huc" dans Google, je suis tombé sur une mine de sites traitant de modélisme d'arsenal, de quoi nourrir nos rêves et notre humilité ..

Bon dimanche à vous tous et bientôt.

Jean

P.S : j'ai oublié, Dominique, de te féliciter chaleureusement pour ton SR, il est magnifiquement réalisé et ton idée pour améliorer les vitrages, fort pertinente. Bon courage pour la suite (gréement...)

Oui l'Ancien,

La littérature sur le sujet est d'ailleurs limitée, comme si on avait voulu l'occulter.
A part ce livre et les "Mémoires d'un galérien du Roi-Soleil" par Jean Martheille (ouvrage d'ailleurs préfacé et annoté par André Zysberg) il n'y a pas grand chose d'autre, à ma connaissance, sur la question ?
En connais-tu d'autres ?
+

Jean

bonjour

quelques ouvrages sur le sujet Galérien et galères


ARCHITECTURA NAVALIS de Joseph FURTTENBACH en 1629 ( édition en français en 1939 )

HYDROGRAPHIE du père FOURNIER en 1643 919 pages

AVENTURES de Louis MAROT pilote de galères en 1675 60 pages

ARCHITECTURE NAVALE du sr DASSIE en 1677

Les derniers jours de la MARINE a RAMES par Jurien de la GRAVIERE en 1885

LES GALÈRES AU MUSÉE de la MARINE par RENE BURLET en 2001 218 pages

MÉMOIRES d'un PROTESTANT Jean MARTEILHE 1885 561 pages

HISTOIRE de MARSEILLE par Raoul BUSQUET édition R LAFOND 1945 293 pages

BULLETIN de la SOCIÉTÉ de GÉOGRAPHIE de ROCHEFORT Tome XVI 1894 et XXXVII 1917

LA NAVIGATION des GALÈRES de PONANT en 1690 par Charles BREARD réédition en 2002 75 pages

la SUPERBE par André CHAMSON roman chez PLON EN 1967 550 pages

Le MAITRE DU SIMOUN par Jean D 'AGRAIVES roman édition colbert en 1943 291 pages

La GALÈRE DU XVII eme par Jacques HUMBERT edition JP DEBBANE en 1986 279 pages

GALÈRES et GALÉRIENS par Bernard BRIAIS editions l'ancre de marine 286 pages

Monsieur VINCENT aumonier des Galères par Henri LAVEDAN chez PLON en 1948 ( gratuit sur le net édition originale )

Les GALÈRES de FRANCE et les GALÉRIENS PROTESTANTS du XVII et XVIII Siecles en deux tomes

le GALÉRIEN par Jean LANE

ETUDE sur la MARINE des GALÈRES par Auguste LAFORET 1861 216 Pages

HISTOIRE de la MILICE FRANÇOISE par le Père G DANIEL 1724 Tome II 622 pages

HISTOIRE abrégée des SOUFFRANCES du sieur NEAU 1701 316 pages

OEUVRE de l'abée de VERTOT tome VI 1830 424 pages ( pour les Galères de MALTE au 16 ème siècles )

VOYAGE du LEVANT en 1631 édition de 1650 540 pages ( pour les Galères Turc)

DICTIONNAIRE MATHÉMATIQUE par OZANAM en 1691 809 pages chapitre navigation pages 219 a 330


La FLEUR de LYS Monographie d'une galère ordinaire par Gerard DELACROIX plan au 1:48 ET 1/72 en 2008



LIVRE Publié par JAN FENNIS sur les GALÈRES

TRÉSORS du LANGAGE des GALÈRES en 1995 2012 pages dessin de RENE BURLET et planche de BARRAS de la PENNE

LA STOLONOMIE 1547 1550 édition APA en 1978 595 pages étymologie des termes de marine levantin

Un MANUEL de CONSTRUCTION des GALÈRES en 1691 édition APA publié en 1983 406 pages

L'OEUVRE de BARRAS de la PENNE en huit tomes pour l'instant .
édition TENDEM FELIX

Tome I : les galeres en campagne
tome II : la lexicographie des Galères
tome III . l'apologie des Galères
tome IV ; la description des Galères partie 1
tome V ; la description des Galeres partie 2
tome VI ; les Galères des Anciens partie 1
tome VII les Galeres des Anciens partie 2
tome VIII les phénomènes et les Portulan



a plus

K B

Merci Koz Bag.

Bonjour Dominique
Merci pour cette belle photo qui montre d'abord le talent des québécois pour présenter leur collection. Le musée de la Marine de Paris pourrait bien en prendre modèle, là où c'est presque le royaume de la nuit...
C'est d'ailleurs une copie de ce qu'il y a à Paris.
Quant à la décoration, c'est ce qui m'impressionne le plus, dire qu'à seulement quelques mètres de cette somptuosité c'était le règne de la puanteur, de la vermine, de la déchéance humaine...
Mais, avons-nous, aujourd'hui, beaucoup progressé ?...
+

Jean

AD'HOC a écrit:

Tu peux faire un essai à la gouache, le résultat pourrait être assez "classe".


A+
Amicalement

Jean Noël

Bonjour Jean Noël
Je reviens sur ta remarque relative à la gouache.
Crois-tu qu'elle tiendrait bien sur l'émail mat Humbrol que j'ai déjà utilisé ?
Et quel est, à ton avis, son avantage ? outre la finesse des nuances.
Merci d'avance pour ton avis.
+

Jean

MAGNIFIQUE REALISATION ! et pazapa passionnant.

Je suis esbaudi par ce si beau bateau que tu réalises et qui provoque une somme de savoirs inattendus sur les galères de l'époque du "Roi-Soleil".
Bravo Messieurs ! J'ai beaucoup appris. Un grand merci !

Nous autres, RdFdC, nous méfions de ces bateaux, surtout mes ancêtres car si on avait embarqué la dessus, nous aurions fini dans les estomacs de la chiourme qui n'avait sans doute pas grand chose à becqueter.

Une tite question : J'ai lu quelque part* que les officiers sur le "carrosse", mettaient des parfums dans le pommeau creux de leurs cannes pour ne pas respirer les effluves émanant des rameurs ? Quelqu'un a-t'il des infos là-dessus ?

* le bouquin en question est "L'histoire des bateaux" de G.Fouillé (sic ! ) peintre de la marine, paru chez Nathan en 1960 (probablement, un des premiers "beaux livres" qu'on m'ait offert). C'est rempli de dessins aussi beaux les uns que les autres.

Bonjour Ch.S.
Merci pour tes encouragements.
Ce qui me fait très plaisir, ce sont toutes les interventions extrêmement pertinentes et érudites que ce fil provoque.
Et ce n'est pas fini !...
S'agissant du parfum conservé dans le pommeau creux des cannes des officiers, je ne peux te répondre, mais cela ne m'étonnerait pas que ce soit exacte.
J'ai moi-même lu, qu'en mer, une galère se détectait loin, à la seule odeur qu'elle dégageait !
+

Jean

bonjour

si vous avez envie de savoir comment il soignait sur une Galère .
Il y a ceci .

http://books.google.com/books?id=bLpEAAAAQAAJ&printsec=frontcover&dq=chabert&lr=&as_brr=1&hl=fr&cd=25#v=onepage&q&f=false


Cordialement

k b

superbe ornement merci pour la photo

Bien le bonjour Jean et tous les autres,

Pour ma suggestion concernant la gouache, c'était simplement pour faire un essai et voir ce que ça donne, et non pour une peinture définitive; si ça ne va pas, un petit coup d'eau et on oublie.
Si ça donne bien: ou tu enlèves la gouache et tu remplaces par du "humbrol", ou tu vernis en glycéro puis en acrylique mat.
Cela dit, je ne suis pas persuadé que les tranches des baccalats étaient bleu. Donc, à toi de voir si le jeu en vaut la chandelle.

Quant à la très belle photo de Dominique, seuls les panneaux sont à coup sûr ceux d'une galère. Les "Renommée" et leur trompette et les tritons peuvent provenir d'un vaisseau; rien n'est avérée. Tout comme rien ne permet d'affirmer que ces sculptures soient de Puget, plutôt que de Lebrun. N'empêche, elle est belle cette Réale.

Pour l'odeur, il était effectivement de coutume de mettre du parfum dans le pommeau de la canne ou d'utiliser des mouchoirs parfumés; c'était un usage répandu dans le "grand monde", pour qui l'hygiène, à l'époque, était assez approximative, à Versailles et pas seulement sur les galères.
La plupart du temps, les officiers prisaient.
Mais sur les galères, il faut imaginer ce que pouvait être la situation de 300 ou 400 pauvres bougres enchaînés, pour la plupart, jour et nuit à leur banc de mars à octobre.

A+
Amicalement

Jean Noël

Merci, Jean Noël pour l'idée.
De ma visite, la semaine dernière, au musée de Paris, je n'ai pas pu rapporter une seule photo de valable, parce que, comme tu le sais, le modèle, au demeurant magnifique, est positionné dans un coin extrêmement sombre et il est interdit d'utiliser le flash.
De mes observations, rendues difficiles par l'ombre, il m'a semblé qu'il n'y avait que deux couleurs : bleu et or, entre la coque (oeuvres mortes) et l'apostis, les boutasses, l'extrémité des baccalas, les cordes et les apostis apparaissent bleus ou orJ, suivant l'endroit.
Je suis, donc, arrivé à la conclusion que les baccalas étaient bleus et que seul l'ensemble banquette/pédague/contre-pédague/banc/aubarestière était rouge !...
Je ne crois pas que je réussirai à repeindre les baccalas en bleu, ils apparaîtront rouges entre la boutasse, la corde et l'apostis bleus avec la tranche or.
Je ne crois pas que ce sera historiquement plus faux que les autres inexactitudes du kit Heller
+

Jean

Pardonnez-moi.
Je viens de m'apercevoir que j'avais commis une erreur de terminologie.
Il ne s'agit pas de la corde mais de la tapière, que l'on voit en observant le dessous de la galère.

Jean

Rebonjour Jean,

A mon avis, mais ce n'est que mon avis, je ne crois pas que ton modèle sera inexact.
C'est vrai qu'Heller a un peu simplifié les choses, mais au total c'est une bien belle maquette.
Question exactitude encore, le modèle de la Réale du MM n'est pas malheureusement non plus la référence puisque c'est un modèle tardif mi-patronne, mi-ordinaire, rhabillé en Réale.
On cite également (il faudrait que je retrouve dans mon bord.., pardon ma doc) une Réale aux œuvres mortes rouge fleurdelisé. Ce qui ne serait pas étonnant pour la flotte du Levant où l'on trouvait des galères achetées à l'Ordre de Malte.
Idem pour les œuvres mortes de la Grande Réale que le plan de l'AAMM donne pour être peintes en noir; pour ma part je les ai peintes en bleu foncé, style manteau d'apparat du célèbre tableau représentant Louis XIV et que Dominique a rappelé sur son topic consacré au Soleil Royal.
Donc, au bout du compte, pas mal de possibilités sont offertes sans que qui ce soit puisse prétendre que tu contredis l'authenticité présumée de La Grande Réale de Louis XIV; en fin de compte on ne peut que faire des suppositions sur ce qu'elle fut réellement, sûrement extraordinaire parmi les "extraordinaires".
Bon courage pour la suite!

A+
Amicalement

Jean Noël

Jean de Poitou a écrit:

Bonjour Ch.S.
S'agissant du parfum conservé dans le pommeau creux des cannes des officiers, je ne peux te répondre, mais cela ne m'étonnerait pas que ce soit exacte. J'ai moi-même lu, qu'en mer, une galère se détectait loin, à la seule odeur qu'elle dégageait !

ICI, mes initiales sont RDFDC plus célèbre que Ch.S.
Le coup de l'odeur, je l'ai lu également.

koz bag a écrit:

bonjour
si vous avez envie de savoir comment il soignait sur une Galère .
Il y a ceci . http://books.google.com/books?id=bLpEAAAAQAAJ&printsec=frontcover&dq=chabert&lr=&as_brr=1&hl=fr&cd=25#v=onepage&q&f=false
k b

Merci mon Père ! On sait maintenant quel était le manuel d'Andy quand il préparait son diplôme de carabin !

AD'HOC a écrit:

Pour l'odeur, il était effectivement de coutume de mettre du parfum dans le pommeau de la canne ou d'utiliser des mouchoirs parfumés; c'était un usage répandu dans le "grand monde", pour qui l'hygiène, à l'époque, était assez approximative, à Versailles et pas seulement sur les galères.
La plupart du temps, les officiers prisaient.
Mais sur les galères, il faut imaginer ce que pouvait être la situation de 300 ou 400 pauvres bougres enchaînés, pour la plupart, jour et nuit à leur banc de mars à octobre.

Merci, Ad'Hoc ; certes l'hygiène sous Louis XIV, c'était pas ça, même à Versailles ! Comme disait je ne sais qui, quand le château puait de trop, on changeait de château !

J'ai noté RDFDC !...

Cet abandon des pratiques de l'hygiène est bien entendu dû aux craintes de l'Eglise, que l'on soit tenté de se toucher le pipi en faisant ses ablutions.

Au fait, Ad'Hoc, Mordicus d'Athènes, c'est bien le fondateur de l'Ecole Ethylique et qui était contemporain de Pédalos des Cyclades?

Ah non pas toujours la faute de l'Eglise !!
C'est parce qu'à cette époque on avait les ancêtres des microscopes et que l'on s'est rendu compte que l'eau contenait beaucoup de bestioles... Donc on s'en est méfié ...et on ne s'est plus lavé mais parfumé (dans le "grand monde").
Ceci dit il est vrai qu'à Versailles certains pissaient dans les couloirs !!
Ceci dit il vaut mieux le vin d'ici que l'au-delà