Historique
La petite ville de Vimoutiers se trouve à quelques kilomètres au nord-est du Mont-Ormel
qui fut le point de jonction des armées anglo-canadiennes et américaines lors de la fermeture de la Poche de Falaise.
Le dimanche 19 août 1944, plusieurs chars allemands d'unités très diverses étant parvenus à s'extraire du "chaudron"
devaient prendre position près de Vimoutiers afin d'y établie une ligne de résistance provisoire en vue de couvrir
la retraite allemande vers la seine.
Notre Tiger I n° 231 et commandé par le SS-Unterscharfuhrer Reisske appartiendrait, comme le Tiger I
du musée de Saumur au SS s.Pz Abt 102 et aurait été livré entre le 26/5 et le 29/5/1944
(le premier a le numéro de châssis "251 113 " et le second, le "251 114 ").
Plusieurs hypothèses sont avancées pour justifier l'abandon du fauve par son équipage :
Éric LEFERVRE dans son fantastique livre "Les Panzers Normandie 44 - les unités de chars allemands
dans la bataille de Normandie-" nous explique que "Plusieurs chars Allemands se rendant à un dépôt d'essence installé
au château de l'horloge durent faire un détour par la route nationale menant de Vimoutiers à Gacé. [...]
Ce détour fit que beaucoup tombèrent en panne sèche avant d'arriver au but."(Il est néanmoins difficile de comprendre
pourquoi d'autres chars furent abandonnés avec des réservoirs à moitié pleins).
"Sur la N. 179, entre Vimoutiers et la ferme Elluard furent ainsi abandonnés un PzKpfw III, plusieurs PzKpfw IV
et Tiger type E. D'autres se trouvaient sur la route de Canapville. Il y avait même là un des rares Königstigers.
On évalue à soixante le nombre de chars abandonnés ces jours là autour de Vimoutiers."
Une autre hypothèse serait, quant à elle purement mécanique (on connait tous la fragilité de la mécanique du monstre,
et notamment les problèmes de surchauffe de son moteur Maybach) : après la commune de Vimoutiers,
la route emprunte une forte pente, et celle ci aurait été fatale au "lourd" ainsi qu'aux autres chars
abandonnés par leur équipage. Le 231 aurait ainsi serré son moteur par manque d'huile dans les pistons.
Quoiqu'il en soit, dans un virage, juste avant le pont de chemin de fer, le Tiger I restait immobilisé
au milieu de la chaussée. L'équipage avait pris soin de saborder leur engin en plaçant deux charges explosives :
une le long du cercle de tourelle et l'autre sur le moteur. La double explosion n'a semble-il pas eu les effets escomptés:
elle n'a fait que soulever un coin de la plaque de blindage du moteur et a faussé la tourelle.
Afin que le fauve ne gène pas l'avancée des troupes alliés, le lourd engin fut poussé dans le fossé
par trois bulldozers US.
Il resta là, s'enfonçant peu à peu dans la terre du talus durant 30 ans.
Un Ferrailleur en fit rapidement l'acquisition. Il vida la bête de son imposante boite de vitesse.
A sa mort, au début des années 70, sa soeur vendit cet encombrante part de la succession à un ferrailleur de Caen.
Le Lourd commença à être découpé en morceaux (vous pourrez constater ces blessures notamment sur la tourelle
qui fut tout simplement coupée en deux....), mais le fauve dut son Salut à l'intervention d'un ancien de la division Leclerc,
l'écrivain historiographe de la bataille de Normandie, Eddy Florentin, qui alerta les pouvoir publiques sur le sort
d'un vestige important de la seconde guerre mondiale.
La ville de Vimoutiers fit l'acquisition de l'animal blessé.
Alain Roudeix, ancien des forces françaises de l'intérieur, pris les choses en main.
Durant trois semaines, il remit en état le train de roulement.
En octobre 1975, sous une pluie battante et dans la boue, le Tiger fut extrait du fossé.
La tourelle démontée, il ne fallu pas moins de heures et l'intervention de trois bulldozers
(un qui poussait et deux qui tiraient) pour sortir le fauve du trou dans lequel il avait été poussé 30 ans plus tôt.
Cette même année, le Tiger fut classé monument historique.
L'engin fut installé sur un socle en béton (il n'a plus, en effet, ni plancher, ni suspension), près de l'endroit
où il avait été abandonné et les trappes d'accès ont été soudées.
Il reste donc deux modèles de Tiger I fin de production en France :
celui-ci et celui qui est exposé au musée de Saumur.
Le premier présente, à mon sens, et en dépit des critiques que l'on peut faire sur son camo ou sur le remplacement
des plaques des ventilateurs d'origine par des plaques de PzKpfw IV ,de nombreux avantages
tenant à la particularité du modèle et à son exposition : il est équipé de ses chenilles de combat,
contrairement au second, chaussé de ses chenilles de transport.

Source
http://www.17rcb.com/